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Les primaires démocrates commencent dans le chaos, Trump se moque

Des journalistes en attente des résultats de la primaire
L'équipe de Bernie Sanders a publié dans la nuit des résultats partiels qui placeraient l'élu en tête du vote. Photo: Alex Wong/Getty Images
Rédaction - Agence France-Presse

Après un an de campagne et des millions dépensés par les candidats démocrates dans l’Iowa, première étape des primaires pour la Maison-Blanche, le parti restait incapable mardi de publier le moindre résultat, un ratage technique et un désastre politique qui fait le bonheur du président Donald Trump.

L’absence totale de résultat prive les candidats de l’élan créé habituellement par ce vote, qui lance les primaires depuis les années 1970. Les journaux américains ne pouvaient afficher sur leurs unes mardi aucun vainqueur, et l’actualité politique se détournera vite sur le discours sur l’état de l’Union que prononcera le président républicain au Congrès mardi soir – avant son acquittement prévu mercredi au Sénat dans son procès en destitution.

Remplissant le vide, deux candidats clamaient en attendant le succès: le sénateur Bernie Sanders, qui était en tête des sondages et avait failli remporter l’Iowa contre Hillary Clinton il y a quatre ans, et le jeune ex-maire modéré Pete Buttigieg.

L’ancien vice-président de Barack Obama, Joe Biden, semblait lui avoir réalisé une contre-performance, selon les résultats de quelques grands bureaux de vote, et une estimation publiée par le camp Sanders.

Le parti démocrate de l’Iowa a justifié la retenue des résultats par des «incohérences» dans les chiffres, et expliquait vouloir s’assurer de la fiabilité des données, mais restait quasi-muet. L’application utilisée par les responsables des 1700 bureaux de vote était mise en cause dans de nombreux témoignages.

«Rien ne fonctionne, exactement comme lorsqu’ils dirigeaient le pays», a tweeté mardi matin Donald Trump.

«La seule personne qui peut revendiquer une très grande victoire dans l’Iowa la nuit dernière est Trump», a-t-il ajouté, en parlant de sa propre victoire au – de formalité – organisé par le parti républicain de l’Iowa lundi soir.

Pressés par le calendrier, les candidats démocrates ont déjà quitté l’Iowa pour le New Hampshire, qui votera le 11 février lors d’une élection primaire normale, c’est-à-dire avec des bulletins de vote.

«Les premiers, probablement Sanders et Buttigieg, auraient pu exploiter leurs performances pour se lancer dans le New Hampshire. Au lieu de cela, c’est l’incompétence choquante du parti démocrate de l’Iowa qui fait la une. Et qui croira les résultats quand ils seront enfin publiés?», dit à l’AFP Larry Sabato, professeur à l’université de Virginie.

Direction le New Hampshire

L’Iowa a un système archaïque de «caucus», des assemblées d’électeurs qui se regroupent physiquement, dans chaque bureau de vote, sous la bannière d’un candidat, avec la possibilité de rejoindre un autre camp après un premier tour. Ce système est depuis longtemps dénoncé comme limitant la participation et antidémocratique, puisque le vote n’est pas secret.

Les candidats eux-mêmes ont des observateurs partout et disposaient de leurs propres estimations des résultats.

«Iowa, tu as surpris le pays», a ainsi lancé lundi soir le jeune «Mayor Pete», inconnu sur la scène nationale il y a encore un an, dans un discours très offensif au cours duquel il s’est dit «victorieux» – sans toutefois rendre public aucun de ses chiffres.

«Ce soir, un espoir improbable est devenu une réalité indéniable», a affirmé cet ex-maire d’une ville moyenne de l’Indiana, premier candidat ouvertement gay à avoir une chance de remporter l’investiture, et qui espère avoir créé à 38 ans la surprise pour prendre le leadership du camp modéré.

Bernie Sanders, 78 ans, héraut de l’aile gauche, a lui aussi affirmé avoir engrangé un «très, très beau succès», comme le prédisaient les sondages. «Ce jour marque le début de la fin pour Donald Trump».

Son équipe de campagne a publié dans la nuit de lundi à mardi ses propres données partielles, portant sur 40% des bureaux de vote.

Elles placent «Bernie» en tête avec 28,62%, devant Pete Buttigieg (25,71%) et la sénatrice Elizabeth Warren (18,42%), elle aussi à la gauche du parti. Joe Biden, 77 ans, n’arriverait que quatrième, avec 15,08%, alors qu’il caracole depuis des mois en tête des sondages au niveau national.

Joe Biden serait même talonné par une autre sénatrice modérée, Amy Klobuchar, qui n’a jamais décollé au niveau national.

«Nous sommes au-delà de nos espérances», s’est réjouie cette élue du Midwest.

La frustration était palpable, dans un pays qui a connu d’autres déboires dans l’organisation d’élections.

«C’est clairement un gâchis», a déploré Mohsen Zarkesh, un bénévole de 29 ans du camp Sanders.

L’équipe Biden s’est fendue d’une lettre aux organisateurs pour demander des «explications». «L’application censée transmettre au parti les résultats des caucus n’a pas marché, tout comme le système téléphonique de secours», a-t-elle protesté.

Mais si le mauvais résultat de Joe Biden se confirmait, le fiasco technique aurait pour effet de le rendre moins visible.

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