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Coronavirus: contrer l’épidémie devient de plus en plus difficile, dit l’OMS

Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d'un point de presse sur l'épidémie de coronavirus
Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus Photo: Fabrice Coffrini/AFP

L’inquiétude grandissait vendredi à l’Organisation mondiale de la santé (OMS): pour la première fois, l’organisme a affirmé que la période propice pour enrayer l’épidémie due au nouveau coronavirus COVID-19 «se rétrécit». Et on s’alarme de l’absence de «lien épidémiologique clair» dans des cas apparus en dehors de la Chine.

Les nouveaux foyers de la maladie se multiplient. Un premier cas confirmé au Liban, deux décès supplémentaires en Iran, doublement des cas en Corée du Sud et quelque 500 prisonniers contaminés en Chine.

Vendredi, signe de la nervosité croissante, neuf villes du nord de l’Italie ont fermé bars, écoles et autres lieux publics en raison de soupçons de contamination sur 16 personnes.

À Genève, le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a tiré la sonnette d’alarme. «Au moment où nous parlons, nous sommes encore dans une phase où il est possible de contenir l’épidémie de coronavirus», a-t-il dit. Mais la «fenêtre de tir se rétrécit».

Ghebreyesus déplore le manque de soutien financier international.

Des cas aux origines floues

L’OMS est particulièrement préoccupée par l’apparition de cas en dehors de Chine «sans lien épidémiologique clair, tels que les antécédents de voyage ou les contacts avec un cas confirmé».

«Nous voyons que la situation évolue», a souligné le Dr Sylvie Briand, directrice du département Préparation mondiale aux risques infectieux à l’OMS. «Non seulement le nombre de cas augmente, mais nous voyons aussi différents modèles de transmission dans différents endroits», a-t-elle ajouté.

L’OMS refuse pour l’instant de parler de pandémie, mais considère qu’il y a «des épidémies différentes, montrant des phases différentes», a-t-elle expliqué. «Nous essayons de trouver un sens à toutes ces situations différentes dans le monde.»

Signe de son inquiétude, l’agence spécialisée de l’ONU a annoncé la nomination de six envoyés spéciaux, parmi lesquels David Nabarro, ancien coordonateur de l’ONU pour Ebola lors de l’épidémie qui a touché l’Afrique de l’Ouest entre fin 2013 et 2016.

Soulignant une fois de plus les mesures «sérieuses» prises par la Chine à Wuhan et Hubei pour contenir l’épidémie de coronavirus, le patron de l’OMS a appelé les «autres pays», sans les citer, à être également «très, très sérieux».

Les nouveaux cas repartent en hausse

L’épidémie a déjà fait plus de 2200 morts et a contaminé plus de 75 000 personnes en Chine et plus de 1100 ailleurs dans le monde.

Si le nombre de nouveaux cas quotidiens en Chine a baissé durant quatre jours consécutifs, il est reparti à la hausse vendredi. Au moins 889 nouveaux cas, contre 673 la veille, ont été annoncés par le ministère de la Santé. Le pays a aussi annoncé 118 nouveaux décès.

La Chine a pourtant placé de facto en quarantaine plus de 50 millions de personnes dans la province du Hubei (centre) et dans son chef-lieu Wuhan, épicentre de l’épidémie de coronavirus.

Par ailleurs, plusieurs États ont interdit l’entrée des voyageurs venant de Chine. De nombreuses compagnies aériennes ont suspendu leurs vols vers le pays.

Mais ces restrictions n’ont pas empêché l’émergence de nouveaux cas ailleurs dans le monde, avec 11 décès hors de Chine continentale (ce qui exclut Hong Kong et Macao).

L’Iran a annoncé vendredi que 13 nouvelles personnes avaient été contaminées par le coronavirus, dont deux mortellement. Le pays affiche donc un bilan officiel de 18 contaminations et quatre décès. La plupart des nouveaux cas ont été recensés à Qom, à 150km au sud-ouest de Téhéran.

En Corée du Sud, le nombre de cas a presque doublé vendredi, portant le total à plus de 200. Parmi eux, quelque 120 sont membres de «l’Eglise Shincheonji de Jésus», une secte chrétienne située dans la ville de Daegu.

Une Israélienne a également été déclarée positive à son retour dans son pays, où il s’agit du premier cas.

Polémique autour du Diamond Princess

Au Japon, la polémique enflait vendredi autour du bateau de croisière Diamond Princess, placé en quarantaine en banlieue de Tokyo. Le bateau reste le plus important foyer de contagion hors de Chine.

Deux ex-passagers australiens, initialement testés négatifs à leur descente du navire, ont été déclarés contaminés à leur retour en Australie.

De quoi alimenter les interrogations sur les procédures des autorités sanitaires japonaises. Celles-ci ont autorisé des centaines de passagers prétendument non infectés à débarquer cette semaine.

Lors d’une réunion du Parti communiste chinois (PCC) présidée par le chef de l’État Xi Jinping, les participants ont souligné que le «pic (de l’épidémie) n’était pas encore arrivé» et que la situation restait «complexe» dans le Hubei. Signe de ces difficultés, un médecin de 29 ans est mort à Wuhan.

A Pékin, où la situation semblait jusque-là sous contrôle, les autorités ont par ailleurs fait état vendredi de 36 personnes testées positives à l’hôpital Fuxing. Dans un autre établissement, une personne hospitalisée a été contaminée par deux proches venus lui rendre visite.

Mais surtout, de nombreuses prisons sont touchées: 200 détenus et sept gardiens ont été contaminés à Jining dans la province du Shandong (est), et 34 cas dans un établissement du Zhejiang (est). Dans le Hubei, des contaminations massives ont été enregistrées dans une prison pour femmes (230 cas) et un centre pénitentiaire (41 cas).

Si les Chinois reprennent progressivement le chemin du travail, le pays tourne encore largement au ralenti. La plupart des commerces, restaurants et écoles restent fermés.

Nouvelle encourageante toutefois: même si l’OMS n’espère pas de vaccin opérationnel d’ici au moins un an, la Chine a annoncé que ses chercheurs pourraient réaliser fin avril des premiers essais sur l’homme.

Avec la collaboration de Laurent Thomet.

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