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Coronavirus: l’Europe en pleine débâcle économique

Coronavirus: l’Europe en pleine débâcle économique
Service de livraison au Royaume-Uni Photo: Stu Forster/Getty Images
Rédaction - Agence France-Presse

À mesure qu’elle constate le désastre économique provoqué par le nouveau coronavirus, l’Europe s’engage progressivement vers un déconfinement particulièrement attendu, avec l’Allemagne en tête de pont qui rouvre lieux de culte et musées, et le Royaume-Uni assurant avoir «passé le pic» de l’épidémie.

Fort de son succès dans la lutte contre la pandémie, qui permet «d’assouplir progressivement» les restrictions, le gouvernement allemand a adopté un catalogue de nouvelles mesures vers la levée du confinement.

Sous condition de garantir les habituelles «mesures barrières» et de distanciation, églises et mosquées vont pouvoir rouvrir leurs portes, de même que les musées, salles d’expositions, zoos et mémoriaux. Et, selon des médias allemands, il est aussi question d’autoriser la réouverture des aires de jeux pour enfants. Cafés et restaurants restent néanmoins fermés, au moins jusqu’au 6 mai.

C’est une nouvelle étape vers la normalisation en Allemagne, l’un des meilleurs élèves européens dans la gestion de la pandémie. Elle comptait jeudi matin 159.119 cas officiellement déclarés, et 6288 décès, soit un taux de létalité de 4%, inférieur à la plupart des autres grands pays.

En revanche, la chancelière Angela Merkel a indiqué que la question d’une ouverture des frontières avec les pays européens n’était «pas au programme» pour le moment, en raison des risques persistant d’une recrudescence de la contamination.

Le Royaume-Uni, deuxième pays le plus touché par le virus en Europe avec désormais 26.711 morts, a «passé le pic» de l’épidémie, a affirmé jeudi le premier ministre Boris Johnson. «Nous sommes sur une pente descendante», a-t-il assuré lors de sa première conférence de presse depuis son rétablissement du coronavirus.

Accusé d’avoir tardé à prendre la mesure de la pandémie et à instaurer le confinement, finalement décrété le 23 mars, le dirigeant conservateur, sous pression désormais pour programmer le déconfinement, a comparé la situation au passage d’un «énorme tunnel des Alpes», et promis de dévoiler une «feuille de route» la semaine prochaine.

«Nous pouvons désormais voir la lumière du jour et les prés devant nous», mais «il est vital» de ne pas perdre le contrôle pour «foncer vers une deuxième et encore plus haute montagne», a-t-il expliqué, faisant allusion à une éventuelle recrudescence du nombre des cas.

À ce jour, la maladie Covid-19 a fait au moins 227 482 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles.

Si les États-Unis sont aujourd’hui le pays le plus touché tant en nombre de morts que de cas (60 999 décès), l’Europe a payé le plus lourd tribut à la maladie, avec 27 682 morts en Italie, 26 097 au Royaume-Uni, 24 543 en Espagne et 24 087 en France. Et l’horizon d’un contrôle global de la pandémie apparaît encore lointain.

Dans une rare déclaration publique, les services de renseignement américains ont annoncé jeudi être parvenus à la conclusion que le nouveau coronavirus n’avait «pas été créé par l’Homme ou modifié génétiquement», démentant ainsi rumeurs et théories du complot à ce sujet.

«La communauté du renseignement continuera a étudier avec rigueur les informations et renseignements qui émergeront pour déterminer si l’épidémie a commencé par un contact avec des animaux infectés ou si elle a été le résultat d’un accident de laboratoire à Wuhan», la ville chinoise d’où est partie la pandémie, conclut le communiqué.

Cette déclaration intervient après que le président Donald Trump a indiqué ne pas exclure de réclamer des dédommagements à Pékin pour l’épidémie. Il accuse régulièrement le régime communiste de dissimulation.

Elle aussi vivement mise en cause par Washington qui lui reproche de n’avoir pas réagi de façon appropriée face à la pandémie, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) devait pour sa part réunir jeudi pour la troisième fois son comité d’urgence.

Et pendant ce temps, les nouvelles désastreuses s’accumulent pour l’économie.

Mercredi, les États-Unis avaient déjà annoncé un recul de leur PIB de 4,8% en rythme annuel au premier trimestre, après dix années de croissance ininterrompue. Le pays a enregistré jeudi 3,8 millions de nouveaux inscrits au chômage, selon les derniers chiffres du département du Travail. Au total, plus de 30 millions d’Américains se sont inscrits au chômage depuis la mi-mars.

Jeudi, une litanie de chiffres est venue confirmer les plus sombres prévisions en Europe: la France a annoncé un effondrement de 5,8% de son PIB au premier trimestre, l’Espagne de 5,2%, l’Italie de 4,7%, et l’Allemagne un bond de 13,2% du nombre des chômeurs. À l’échelle de la zone euro, l’activité a chuté de 3,8%, selon l’institut Eurostat, qui prévient que le deuxième trimestre s’annonce encore pire.

Face à l’incapacité des 27 à s’entendre sur un plan de relance concertée, la Banque centrale européenne (BCE) a une nouvelle fois joué les pompiers de service en se disant jeudi «prête» à renforcer ses rachats de dette.

Son programme d’urgence pour faire face à la pandémie du coronavirus, via des rachats massifs de dette, «pourrait être prolongé» au-delà de la fin 2020, a annoncé la présidente de l’institution, Christine Lagarde. Ce dispositif de 750 milliards d’euros, lancé en mars pour amortir le choc, «sera poursuivi jusqu’à ce que (la BCE) estime que la crise du coronavirus est passée», a-t-elle expliqué.

Longtemps épargnée, la Russie a accumulé les mauvaises nouvelles. Son premier ministre Mikhaïl Michoustine a annoncé jeudi à la télévision avoir été testé positif au virus. Le pays a officiellement passé la barre des 1000 morts, pour un record de plus 106 000 contaminations, en majorité à Moscou, dans sa région et à Saint-Pétersbourg, deuxième ville du pays. Avec en plus une résugence de l’alcoolisme.

Ces chiffres placent d’après le décompte de l’AFP la Russie au 8e rang des pays comptant le plus de contaminations, devant la Chine, où avait commencé l’épidémie, et l’Iran.

Dans un monde pressé de pouvoir compter sur un remède efficace, les Instituts de santé américains (NIH) ont fait souffler un vent d’espoir en annonçant que le médicament expérimental remdesivir de Gilead avait accéléré le rétablissement de malades, à défaut de faire baisser la mortalité. Il existe actuellement une centaine de projets de vaccins anti-Covid-19 dont une dizaine en phase d’essais cliniques, selon la London School of Hygiene & Tropical Medicine.

Des signes d’éclaircie apparaissent en Asie, où la Corée du Sud (un temps deuxième foyer mondial de la maladie) n’a enregistré aucun nouveau cas pour la première fois depuis le début de la pandémie. Hong Kong n’a enregistré aucune nouvelle contamination depuis cinq jours et Taïwan depuis quatre jours.

Pendant la pandémie, les affaires continuent néanmoins pour certains.

Interpol a lancé l’alerte jeudi sur un nouveau mode opératoire des trafiquants qui utilisent des services de livraison à domicile de pizza et autres denrées pour transporter cocaïne, marijuana, kétamine et ecstasy dans un nombre croissant de pays soumis au confinement : c’est le cas notamment en Espagne, Irlande, Malaisie, et Royaume-Uni.

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