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Brésil: Sergio Moro l’ex-ministre de la Justice entendu par la police

Sergio Moro Photo: Andressa Anholete/Getty Images

L’ex-ministre de la Justice du Brésil Sergio Moro doit être entendu par la police samedi au sujet de graves accusations contre le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, qui tentait selon lui d’interférer dans des enquêtes policières.

Plusieurs dizaines de manifestants pro-Moro et pro-Bolsonaro étaient rassemblés devant l’entrée de Police fédérale de Curitiba (sud), où devait avoir lieu la déposition de cet ancien juge anticorruption très populaire au Brésil.

Certains d’entre eux ont échangé des insultes, poussant les policiers à séparer les deux camps, a constaté un photographe de l’AFP.

Auparavant considéré comme un atout maître du gouvernement Bolsonaro, Sergio Moro a démissionné avec fracas la semaine dernière, après le limogeage d’un de ses plus proches collaborateurs, le chef de la Police fédérale, Mauricio Valeixo.

«Le changement à la tête de la Police fédérale sans cause réelle est une ingérence politique, qui entame ma crédibilité et celle du gouvernement», avait-il lancé en conférence de presse le 24 avril, jour de sa démission.

«Le président m’a dit qu’il voulait nommer une personne avec qui il aurait un contact personnel, qu’il pourrait appeler pour obtenir des informations sur les enquêtes», avait-il ajouté, des accusations que Bolsonaro juge «infondées».

Ces révélations explosives ont poussé le procureur-général à réclamer l’ouverture d’une enquête, autorisée dans la foulée par la Cour suprême, qui avait stipulé que Sergio Moro soit interrogé sous 60 jours, un délai réduit à cinq jours par la suite.

Cette enquête pourrait ouvrir la voie soit à une procédure de destitution contre M. Bolsonaro, soit à des poursuites pour dénonciation de délit imaginaire contre M. Moro.

Samedi matin, le chef de l’État a traité son ex-ministre de «Judas» sur Twitter.

Dans un entretien publié vendredi dans l’hebdomadaire Veja, Sergio Moro a déclaré qu’il présenterait des preuves de ses accusations lors de son interrogatoire.

Il a également affirmé que la lutte contre la corruption n’était «pas la priorité» du gouvernement.

M. Bolsonaro s’est pourtant fait élire en octobre 2018 en promettant un combat sans merci contre la corruption et la criminalité.

Sergio Moro a accepté de mettre fin à une carrière de 22 ans dans la magistrature pour entrer au gouvernement, alors qu’il était considéré comme l’emblème de la lutte anticorruption, dans le cadre de l’opération «Lavage-express», qui a mis des dizaines de dirigeants de tous bords sous les verrous.

Son image avait toutefois été ternie en juin dernier, quand le site d’investigation The Intercept Brasil a révélé des échanges de messages avec des procureurs ayant gravement remis en doute son impartialité dans le cadre de la condamnation à une lourde peine de prison de l’ex-président Luiz Inacio lula da Silva, pour corruption.

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