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Dure, dure, la vie de vétéran américain

Photo: Getty

Il se fait appeler «The Shooter». C’est un héros. Anonyme. Il a tué Oussama ben Laden, l’homme le plus haï des États-Unis. Il tire aujourd’hui le diable par la queue.

Le «tireur», qui cache son identité pour des raisons de sécurité, dit n’avoir aucune protection sociale. Il n’a bien sûr pas touché un sou des 25 millions de dollars promis par Washington à quiconque aurait la tête de l’ex-leader d’Al-Qaïda. Ses déboires sont étalés dans un long reportage publié dans le magazine Esquire.

La vie du «Shooter», 35 ans, ressemble à celle de bon nombre d’anciens combattants américains. Ils représentent moins de 1 % de la population, mais le quart des sans-abri. Une vingtaine d’entre eux se suicident chaque jour. Ils ne sont pas enterrés avec tous les honneurs militaires comme ce fut le cas la semaine dernière pour Chris Kyle, le plus grand tireur d’élite de l’armée américaine, descendu par un «frère d’armes» dans un stand de tir au Texas.

Les soldats tombant en Afghanistan (237 en 2012) sont désormais moins nombreux que ceux qui s’enlèvent la vie (349 l’an dernier). Cette statistique du Pentagone, l’armée américaine n’aime pas la commenter.

Plus de deux millions d’Américains ont combattu en Afghanistan et en Irak depuis 2001. Des milliers sont revenus meurtris dans leur chair ou dans leur esprit. Au moins 20% des soldats de retour de ces deux pays souffrent de syndromes post-traumatiques. La guerre continue dans leur tête. Leur séjour sur les fronts irakien et afghan a été trop long. Souvent une quinzaine de mois. À l’époque du Viêtnam, les «boys», qui étaient conscrits, partaient un an, puis rentraient définitivement.

Leur réinsertion est un défi de tous les jours. Il y aurait au moins 100 000 vétérans dans les prisons. Bon nombre ont des antécédents judiciaires. Il y a quelques années, ils n’auraient jamais été admis. Mais les difficultés de recrutement sont grandes. Le Pentagone ferme les yeux.

Le taux de chômage des vétérans dépasse 10 %. Walmart s’est engagée à embaucher 100 000 d’entre eux au cours des cinq prochaines années. Sans être des laissés-pour-compte, les vétérans restent les grands «oubliés» de la société américaine. Tous sont revenus sans confettis et défilés en leur honneur. Les bourbiers irakiens et afghans ont éclaboussé leur image avec leurs multiples scandales.

«The Shooter» ne veut pas être encensé. Il aimerait juste bénéficier d’une retraite à vie. Il lui fallait pour cela 20 ans de service. Il a quitté l’armée 36 mois trop tôt et a reçu cette réponse : «Merci pour vos 16 années. Allez vous faire foutre.»

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