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Maïtée Labrecque-Saganash - Métro

Depuis quelques mois déjà, je consacre mes chroniques uniquement à l’environnement et à des personnes qui travaillent d’arrache-pied pour protéger le territoire. Les récentes inondations au Québec et ailleurs au pays ont provoqué en moi beaucoup de réflexions.

Le regretté William Commanda, de son nom anishnabe Ojshigkwanàng (étoile du matin), était un fervent défenseur des droits des Autochtones et du territoire. De son vivant, il a longtemps martelé que l’industrie forestière et le déboisement ont beaucoup de conséquences, dont des inondations et des glissements de terrain. Très logique : quand rien ne retient l’eau de ruissellement, on se retrouve avec des inondations monstres. Dans les médias, on a été rapide à accuser les changements climatiques, sans presque jamais mentionner le déboisement. J’ai souvent fait Chibougamau-Montréal en avion et, des airs, l’ampleur du problème est visible. Des arbres, au Québec, il en manque en maudit.

La destitution de Dilma Rousseff au Brésil a été un événement charnière pour les Autochtones et leurs droits territoriaux. Le Front parlementaire de l’agriculture (FPA) a eu alors le vent dans les voiles, et la menace de voir leurs terres cédées à l’industrie agricole est devenue de plus en plus réelle. Un peu avant le premier tour, le FPA avait d’ailleurs appuyé Jair Bolsonaro, qui est maintenant président. Dans le premier mois de la présidence de Bolsonaro, la déforestation a grimpé de 54 % au Brésil. On estime que, chaque minute, environ 800 arbres sont coupés en Amazonie. Les conflits entre les Autochtones et les fermiers illégaux se sont d’ailleurs intensifiés. Sans forêts, ce sont des langues, des modes de vie et même des peuples qui disparaissent.

On a été rapide à accuser les changements climatiques­ pour les inondations, sans presque jamais mentionner­ le déboisement. Des arbres, au Québec, il en manque en maudit.

Les Autochtones se sont récemment rendus au Congrès à Brasilia pour dénoncer la situation et ils avaient un message : ils sont prêts à prendre «les arcs et les flèches» s’il le faut. Au Guatemala aussi, les défenseurs du territoire connaissent un triste sort. Je pense beaucoup à mes frères et sœurs ailleurs sur le continent, ces temps-ci. Un sentiment d’impuissance m’envahit à chaque fois. Dans une entrevue accordée à APTN News, le sénateur Murray Sinclair, en citant Frantz Fanon, abondait dans le même sens : si nous continuons à ignorer ce que la société fait aux Autochtones, violente rébellion il y aura.

Je vous avouerais qu’écrire sur l’environnement, c’est parfois downant, bien que nécessaire. Rares sont les bonnes nouvelles, et il est anxiogène de voir qu’en pleine crise écologique, nous élisons les mauvais gouvernements et prenons les mauvaises décisions.

Mon peuple est présentement en plein Goose Break, à la fois chasse à l’outarde et moment de ressourcement pour les familles d’Eeyou Istchee.

J’essaie de penser à ça très fort, mais en vain.

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