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Regarder droit derrière

Sylvain Ménard

Maxime Bernier est pour moi l’équivalent d’une allergie saisonnière. Ponctuel comme un bourgeon qui pousse sans qu’on lui ait rien demandé, Maxime me donne systématiquement la grattelle quand il ose se pointer dans le débat. En toute honnêteté, je considère que la présence en politique de tous les Maxime Bernier du monde entier est un mal non nécessaire. Quand je pense que nous, on a droit au modèle de référence…

Affichant cette fière assurance qui est propre aux imbéciles de haut vol, il se prononce sur des dossiers réglés depuis longtemps comme si l’histoire avait manqué son rendez-vous avec lui. Quand il remet en cause le droit à l’avortement, avant même de l’entendre développer son argumentaire, la seule question qui me passe par la tête, c’est : dis donc, mais pour qui tu te prends, toi? Maxime Bernier est un type inculte et insensible. Il l’a maintes fois démontré et il semble toujours prêt à en rajouter. Encore et toujours. Récurrent et incurable, comme une allergie.

Heureusement, il n’y a qu’une poignée de coucous qui sont prêts à l’appuyer. Un gros 2 % de l’électorat, semble-t-il. C’est à la fois bien peu et énorme. Et surtout pas insignifiant. Vous voyez, moi, ça ne me rassure pas du tout de savoir qu’il y en a même 2 % qui lui confieraient le plus gros fauteuil du parlement.

Les pires clowns de toute l’histoire de la politique mondiale ont tous un point en commun : leur parcours aura débuté dans un grand éclat de rire.

Tous les zigotos que la Providence nous a envoyés dans les jambes au cours des dernières années ont commencé avec un bagage d’appuis qui semblait négligeable au départ. Qui aurait bien pu prédire que le promoteur immobilier le plus grossier du pays d’en bas se rendrait un jour à la Maison-Blanche? Plus près de nous, qui aurait pu imaginer que le petit frère sous-doué du maire le plus mentalement désorganisé de toute l’histoire de la ville de Toronto serait un jour élu premier ministre de la plus grande province du Canada? Tout ce beau monde-là est parti d’un bon gag pour devenir éventuellement de sinistres jokes nationales. Le 2 % de notre Maxime est peut-être inoffensif pour le moment, mais je refuse de le prendre à la légère. Je ne vous annonce pas que Maxime Bernier sera élu au prochain scrutin – Dieu m’en garde! –, je ne fais que souligner le caractère tenace de certains parasites de la politique contemporaine.

Parce que ces bouffons-là profitent plus que quiconque des failles contextuelles pour faire leur chemin. Pensez-vous une minute que Trump serait devenu président des États-Unis s’il avait affronté une candidate de meilleure qualité qu’Hilary Clinton? Croyez-vous que Doug Ford – qui est incidemment en chute libre dans les sondages, moins d’un an après son élection – aurait disposé de la même occasion si l’usure du pouvoir n’avait pas grugé à l’os l’équipe libérale ontarienne? Regardez ce qui se passe présentement avec Andrew Scheer, qui est en voie de dépasser Justin-le-placide par la droite sans qu’on ne porte trop attention à son programme rétrograde farci de pipelines et autres patentes du genre. Scheer qui, en l’absence d’un adversaire d’envergure, s’apprête à nous ramener exactement là où Stephen Harper nous a laissés il y a de cela trop peu longtemps. Déprimant.

Les pires clowns de toute l’histoire de la politique mondiale ont tous un point en commun : leur parcours aura débuté dans un grand éclat de rire. Finalement, les plus insignifiants ne le sont peut-être pas.

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La CAQ s’est peinte d’une couche de vert lors de son conseil général qui s’est tenu le week-end dernier à Montréal. Ce qui est parfaitement réjouissant.

Mais n’allez surtout pas croire que le virage écolo est dûment complété auprès de tous les militants du parti au pouvoir. Quand un intervenant vient déclarer au micro que les efforts de retrait des véhicules à essence de nos routes est «une attaque à notre liberté et notre style de vie pour quelque chose qui ne donnera aucun résultat», m’est d’avis que Dominic Champagne n’a pas fini de renouveler sa carte de membre pour faire avancer le débat…

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Dans la catégorie Youppi!: on vient de confirmer, pour une 14e année, le retour de Louis-José Houde à l’animation du prochain gala de l’Adisq. Vous voyez, il y a parfois de bonnes nouvelles à partager. Je dis bien «parfois»…

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