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Chronique de bonne humeur

Frédéric Bérard

Vous le lisez ici (trop) fréquemment: les raisons d’être optimiste au sujet de l’avenir de la planète – ce caillou minable, comme chantait Renaud – sont d’un rarissime désolant. Juste en ce qui a trait à l’État de droit, à la fois contaminé et érodé par l’une des plus grandes gangrènes sociétales, soit le populisme.

La débâcle s’est d’ailleurs­ accentuée, cette semaine. Vous avez vu les percées, voire la victoire en bonne et due forme, de l’extrême droite en Europe? Et comment cela risque-t-il de se terminer, à votre avis? Dans la paix, la joie et le bonheur? Bien? Ah aussi : vous vous rappelez des lois anti-avortement­ adoptées récemment par une quinzaine d’États américains, comme nous l’avons rapporté dans notre dernière chronique? Eh bien, on a atteint, hier encore, un nouveau sommet. La Cour suprême des États-Unis vient de valider la constitutionnalité d’une nouvelle loi de l’Indiana obligeant, asseyez-vous solidement avant de poursuivre, l’enterrement ou l’incinération des tissus des fœtus avortés. C’est ça qui est ça.

Mais bon, le titre évoquait une bonne humeur certaine ou, pour être plus juste, une certaine bonne humeur. Et pourquoi? Parce qu’à moins d’être le plus fini des cyniques, il vient de se produire un truc d’envergure au Québec. De la bombe, au demeurant. Pratiquement passé sous le radar, cela dit, merci au scepticisme ambiant et au décrochage démocratique de masse.

Pour la première fois, on sent que les pressions­ citoyennes et de certains groupes, pour l’essentiel la jeunesse, poussent dans le cul des dirigeants.

Je parle du virage vert du gouvernement Legault. Vous rigolez? On ne peut en effet dire, je le conçois aisément, que les caquistes souffrent d’une quelconque crédibilité en la matière. Faute partagée, néanmoins. Parce que nous avons solidement élu ceux-là, à coups de 75 députés, alors que leur programme refusait de mentionner l’existence même du terme… environnement.

C’est dire. Reste que, faute partagée, disions-nous, il a fallu pratiquement huit mois avant qu’on nous annonce, enfin, un truc. L’impression, alors justifiée, que le job de ministre québécois de l’Environnement soit des plus superflus. Comme le fait d’avoir un deuxième prénom, par exemple. Ou la position de gardien de but au soccer.

Mais manifestement, l’attente en valait le coup: 40 % de moins de pétrole d’ici 2030, c’est-à-dire demain matin. Et comment y parvenir? Principalement par l’électrification des transports. «Je veux que, dans quatre ans, on dise qu’il n’y a pas un gouvernement qui aura réalisé autant de projets de transport collectif que le gouvernement de la CAQ», de dire le chef du gouvernement. On parle notamment de bonifier le REM et la ligne bleue (reste à voir pour la rose), ainsi que de construire des tramways dans l’est de Montréal, à Québec ainsi qu’à Longueuil. Et les régions, d’ordinaire enfants pauvres des politiques environnementales? On encouragera, à l’aide d’incitatifs monstres, la voiture électrique. Et l’ensemble des édifices gouvernementaux passera à l’énergie propre. Le Québec deviendra, toujours aux dires du premier ministre, la «batterie verte de l’Amérique du Nord».

Du vent? Poudre aux yeux? Peut-être. Mais je pense pas. Parce que, pour la première fois, on sent que les pressions citoyennes et de certains groupes, pour l’essentiel la jeunesse, poussent dans le cul des dirigeants. Et l’effet de masse s’étend de jour en jour, les dernières élections européennes comme témoins.

Et viendra un temps où il sera périlleux, voire suicidaire, d’ignorer la mouvance écolo. Et ça me rend de bonne humeur.

C’est dit.

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