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Aussi souvent que nécessaire

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La semaine dernière, dans un centre de jeunes de la Petite-Bourgogne, j’ai échangé avec des ados qui avaient entre 14 et 16 ans. Je leur ai parlé de mon parcours et des causes qui me tiennent à cœur. Immanquablement, la discussion a atterri sur les enjeux de racisme.

Les anecdotes ont déboulé.

Tous, absolument tous, avaient déjà fait les frais du racisme. Des « Retourne en Afrique » ou des « J’achète pas de chocolat des noires comme toi » s’abattaient impunément sur eux. Et des insultes bien plus crues aussi.

Le pire? Ça venait d’adultes. Des adultes qui insultent des ados… Le racisme a vraiment une force désinhibante.

La désinvolture que les jeunes affichaient en racontant ces histoires m’a également troublé. Pas qu’ils soient indifférents, loin de là, mais plutôt habitués. Habitués à une forme de mépris social. Quelque chose d’intériorisé.

Alors il importe de rappeler, aussi souvent que nécessaire, que le racisme n’est ni de la fabulation ni de la victimisation. C’est la réalité, c’est du vécu, et les jeunes montréalais en 2019 n’en sont pas exempt.

Pourquoi alors le mot « racisme » et les discussions sur le sujet sont aussi cahoteuses? Même si ces discussions semblent dans l’air du temps et qu’on en entend parler dans divers espaces de la société, il y a souvent un malaise palpable dès que le mot est prononcé.

On m’a moi-même souvent suggéré d’euphémiser en utilisant des termes moins choquants, comme « discrimination » ou « préjugés ». Il y a des moments où ces termes sont effectivement requis mais il y a d’autres moments où diluer est contre-productif. Et on cède souvent à la dilution.

Bien sûr, pour être entendu et pris en compte, il est utile de chercher la meilleure façon de parler de ces problèmes sans que les gens se braquent. On dit avec raison que la culpabilisation ne fonctionne pas… Mais le déni non plus. Le racisme est une chape de plomb dans la vie de ceux et celles qui le subissent. C’est pour ça qu’il est essentiel qu’on en parle sans tabous et sans contorsions langagières. Qu’on ne le décomplexe pas davantage en lui trouvant des expressions atténuantes.

Ça n’empêche pas de reconnaître les avancées. Mais celles-ci ne devraient pas nous détourner du travail qu’il reste à faire.

Je n’ai pas de solution idéale à portée de main, mais je sais que des ados qui se font dire par des adultes « Retourne dans ton pays », c’est franchement horrifiant. J’ai manqué de mots pour les soulager. Mais peut-être que c’est mieux comme ça, pour compenser les mots insuffisants par des actions.

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