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Les derniers humains

Frédéric Bérard
Frédéric Bérard - Métro

Sentant manifestement la soupe chaude eu égard aux derniers sondages confirmant sa chute, le gouvernement Trudeau annonçait, lundi, l’interdiction des articles en plastique à usage unique d’ici 2021.

Une bonne affaire, évidemment. Un euphémisme. Surtout quand on apprend que moins de 10 % du plastique utilisé au Canada est recyclé et qu’on rejette, ici seulement, plus de 3 millions de tonnes de déchets de plastique annuellement. Que cette tendance, contrairement à ce qu’on pourrait croire, est indubitablement à la hausse. Un bon coup, bref, même si d’aucuns seraient portés à conclure à une insignifiance relative.

Insignifiant, éradiquer 3 millions de tonnes? En un sens, oui. Parce que si la mesure est objectivement louable et se veut un pas dans la (seule) bonne direction, il risque d’en manquer un brin, au final.

Ce n’est pas d’hier qu’on le pense, qu’on le dit et qu’on l’écrit, mais un nouveau rapport, dont Vice a obtenu copie, se trouve lui aussi dans le rayon de l’accablant. Corédigé par David Spratt, le directeur de Breakthrough National Centre for Climate Restoration, et Ian Dunlop, auparavant président de l’Australian Coal Association, ledit rapport donne froid dans le dos. Si on maintient le cap actuel, l’effondrement de la civilisation humaine serait prévu d’ici… 30 ans. Demain matin, donc.

«Ces scientifiques sont subventionnés.» Subventionnés par qui, au juste? Équiterre? BIXI Montréal? L’association­ du compost de Rosemont? Quinze mille scientifiques corrompus, donc?

En gros: «Même avec un réchauffement de 2 °C, plus d’un milliard de personnes pourraient devoir migrer, et dans le scénario où il serait plus élevé, l’ampleur de la destruction dépasse notre capacité de modéliser, et il est hautement probable que la civilisation humaine s’effondre.» Mieux, on se trouve devant «la troublante mais réelle possibilité de l’extinction de l’humanité sur Terre, de la plus horrible des façons».

Parce que selon la présente trajectoire, le réchauffement de la planète, de l’ordre d’un minimum de 3 °C, assurera l’éclosion de phénomènes galvanisant encore davantage ledit réchauffement. Exit, par conséquent, la forêt amazonienne, l’Arctique et les récifs coralliens. Ainsi, et en plus du milliard de réfugiés climatiques, on parle du double affrontant les affres d’une pénurie d’eau potable. Le tout en l’espace d’une génération. Parfaitement sympathique.

Le rapport en question fait d’ailleurs écho à d’autres études crédibles, notamment celle publiée par plus de 15 000 scientifiques arrivant essentiellement, à quelques variantes près, aux mêmes conclusions.

Le pire, là-dedans? Que certains de mes potes et autres connaissances dont j’estime l’intelligence et la culture continuent de nier l’évidence. «Faut pas se leurrer, Bérard, plusieurs de ces scientifiques sont subventionnés, faque tu comprends…» Euh, non, justement, je ne comprends pas. Subventionnés par qui, au juste? Équiterre? BIXI Montréal? L’association du compost de Rosemont? Quinze mille scientifiques corrompus, donc? Et selon les études (assurément biaisées, si j’ai bien compris), moins de 3 % de ces mêmes scientifiques seraient considérés comme climato­sceptiques. Me semble que ça en fait pas mal du même bord. Et que ça en ferait un sacré paquet à corrompre. Néomodèle d’idiosyncrasie, j’imagine.

Re-mieux: à ces apôtres de la théorie du complot s’ajoutent ceux qui, sans vergogne, s’attaquent au symbole du nano-espoir, soit celui de la jeunesse. Des chroniques pour attaquer Greta Thunberg, poster girl de la reddition de comptes? Sérieux?

Une humanité fuckée raide, donc, un cheese challenge comme (nouvelle) preuve incandescente. En bref, la fin de notre existence, comme on le mérite. Avec ou sans pailles.

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