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De ravissantes éventrures

Foulard lumière

Ivresse candy et petite gorgée­ d’eau (de grâce, restez hydratés tout au long de cette lecture). Alors? Votre chevelure a-t-elle doublé de volume sous la douce caresse de l’humidité urbaine? Rien n’égale ce moment de l’année où l’impression de résider dans une steameuse à saucisses nous emballe les sens (et nous donne de folichonnes idées de souper). Tout est si lent. Si lourd. Si confus. Et tout le monde est impatience et colère!

Oooooh que ça se fait aller la klaxonade au moindre faux pas, à la moindre brindille de seconde PERDUE à attendre qu’un quidam traverse la rue un petit peu moins vite que ce qu’on aurait souhaité (parce qu’on avait des plans, nous). Le majeur érectile offert à cette voiture qui avait pas vu que, toi, tu filais comme le vent sur ton 10 vitesses mince mince mince qui fait pas de bruit, mais qui va quelque part (parce que t’avais des plans, toi). Et ces déchets. Ah! Oh! CIEL. Quelle calomnie que ces soda de trottoirs de juillet, garnis de tous les fonds de réguines qu’autrui laissa derrière dans l’empressement de sa déménagette. Miradoooor!

Je trouve pourtant ça fort joli.

Certains crieront aux ordures­ et à la fainéantise­, mais moi, dans cette folle polka où mes godasses enjambent immondices et trésors, je vois le soin qu’on a apporté à ces objets dont on se sépare.

Bon; bien évidemment, je ne rêve pas la nuit de faire des anges dans les rognures de la litière de chat que le voisin a sacrée au chemin avant de tirer du gun en l’air par la fenêtre de son pick-up en faisant crisser les pneus de son déménagement western. Mais il est quelque chose de très beau, dans ces offrandes de trottoir. Dans le soin que mettent certains à spécifier sur une jolie note que ce téléviseur a besoin d’être réparé, mais que, si le cœur t’en dit, il est à toi. Dans ces fauteuils anciens qui connurent ces veillées où Manda Parent rentra sur la pointe des pieds, la joue rosine et le cœur Grand Marnier et qui sont prêts à embrasser de nouveaux bassins. À vivre de nouveaux soupers spaghettis (dont j’ai même entrevu des cannes toutes neuves, soigneusement disposées en rang d’oignons sur un meuble IKEA de la Grande Dépression. Il est de ces délices italiens qui ne se jettent pas sans être d’abord offerts au grand air).

Certains crieront aux ordures et à la fainéantise (certains aiment BEAUCOUP crier) mais moi, dans cette folle polka où mes godasses enjambent immondices et trésors, je vois le soin qu’on a apporté à ces objets dont on se sépare. Le souhait de les mettre à l’abri, sous cet escalier, pour renaître, pas trop trempés en lavette, dans le boudoir d’un cœur qui avait peut-être besoin de cette lampe à franges scintillantes pour éclairer le fond de son baril.

Des vidanges, des maudites vidanges, partout! Oui, Suzie. C’est sale. C’est pas comme dans tes vues de rêve. Mais entre deux éventrures de fond de pantry et une sélection de runningchous noirs dépareillés se cache beaucoup d’amour. Beaucoup d’histoire et de bienveillance. Parfois, certes, une puce de lit qui écoute du reggae en mangeant des cheetos, mais surtout l’occasion d’une formidable renaissance (le concept; pas l’époque où on pratiquait une saignée pour guérir un rhume des foins).
La bise.

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