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Pour la suite des choses

Sylvain Ménard

Je sais maintenant combien de temps ça prend pour revivre quarante ans. Réponse: à peu près cinq minutes, ce qui correspond en gros à la durée du montage qui a été présenté pour saluer le départ d’Alain Simard et d’André Ménard lors la conférence de presse bilan du 40e Festival international de Jazz de Montréal samedi dernier. Entre le flash et l’éternité, il suffit parfois de quelques images bien placées. (N. B.: oui, oui, le Ménard en question, c’est mon frère.)

Le moment a été hautement émouvant. On ne tourne pas la page sur quarante ans de sa vie en claquant des doigts. Quarante ans de nos vies à nous aussi qui ont déboulé à une vitesse folle. On l’a dit et répété: hormis les Expos, la Ronde et le parc Belmont, il ne se passait vraiment pas grand-chose en été à Montréal. Avant 1980, l’été était une saison morte, je dirais même excessivement morte. Les plus chanceux partaient au chalet pour quelques semaines, mais l’immense majorité des balconvillois attendaient le mois de septembre pour reprendre vie. C’était plate à en crever.

Avant 1980, l’été était une saison morte, je dirais même excessivement­ morte.

Il aura fallu que deux animateurs culturels exceptionnels débarquent avec leur drôle de projet pour que les choses changent à Montréal. Avec le concours d’une équipe dévouée, les gens du Festival ont littéralement transformé Montréal en ville festive. Et ce, malgré une farouche opposition de la part du Maire Drapeau qui, contrairement à ce que l’on aime bien retenir de lui, détestait les rassemblements populaires (il avait encore sur le cœur les deux fêtes nationales de 75 et 76 qui avaient littéralement «scrappé» la Montagne), méprisait toute forme de musique populaire et ne tolérait que les projets dont il pouvait éventuellement s’approprier le crédit. Paradoxalement, celui que l’on désigne comme le premier Maire du Montréal moderne aura aussi été le dernier à vouloir nous garder le plus longtemps possible au Moyen-Âge.

En quarante ans, la culture a pris tellement de place en été à Montréal que l’on a même dû repenser le centre-ville pour lui faire de la place. Les touristes viennent chez nous comme jamais et nous envient de pouvoir tenir, en pleine rue, des activités rassembleuses et pacifiques. Bien au-delà des spectacles et du party, il est là le legs inestimable d’Alain Simard et son partenaire André Ménard. Ça non plus, il ne faudra jamais l’oublier et toujours redoubler d’effort pour conserver cet héritage intact.

Sans eux, malgré la pérennité de l’événement, le Festival de Jazz de Montréal ne sera jamais plus vraiment pareil. Ça paraît déjà un peu, d’ailleurs.

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Autres salutations distinguées à Luc Brodeur-Jourdain qui a mis un terme à sa très longue carrière de joueur avec les Alouettes. Donnez-lui une job au plus vite, couvrez-le de mandats, offrez-lui des tribunes, envoyez-le dans les écoles, on n’a absolument pas les moyens de se passer d’un actif pareil dans notre petit monde sempiternellement à court de modèles.

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Parlant de modèle inspirant, je tiens à souligner le décès de Monsieur Laurent McCutcheon, un superbe communicateur qui a mis son talent et tout son cœur à l’avancement de la cause LGBT.

Militant pour l’avancement des droits et de l’égalité juridique et sociale des personnes homosexuelles, ce marathonien du combat a fait passer son message en privilégiant le dialogue plutôt que les coups d’éclat.

On souhaite voir et entendre plusieurs autres Laurent McCutcheon à l’avenir. Tout le monde y gagnerait.

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Me suis laissé aller à une très rare publication sur Twitter la semaine dernière dans la foulée de «l’affaire Aho», le gars qui ne viendra finalement pas jouer avec les Canadiens. Ça disait: «Je préfère avoir un directeur général qui offre le juste prix plutôt qu’un innocent qui offre des contrats ridiculement trop élevés». Quelques jours plus tard, je persiste et signe avec le même discours.

Le kid a beau être bon, mais l’est-il suffisamment pour justifier davantage que 8,45M$ par année jusqu’en 2024? Non. Y’a quand bien même des maudites limites à lancer des millions comme des poignées de riz en sortant de la noce.

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