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Vivre dans la peur

Sylvain Ménard

Une jungle. C’est simple, y a des jours où j’ai l’impression que nous vivons dans une jungle. La maltraitance, le dénigrement, l’intimidation et la prédation font partie de notre quotidien. On vit dans un monde où la compassion est trop souvent absente et où la loi du plus fort rime avec abus. Combien de vieux dépouillés? Combien d’enfants tapochés? Combien de handicapés bafoués? Combien de démunis laissés pour compte? Sur la planète, seul l’humain se comporte avec autant de méchanceté. Même les animaux les plus féroces laissent les plus faibles du troupeau tranquilles. Pas nous.

J’ai été totalement dégoûté par ce qui s’est passé à la résidence Louise-Vachon de Laval. Là où des préposés ont infligé de mauvais traitements aux patients (autistes ou déficients intellectuels). Un centre maudit – ou un maudit centre, c’est selon – où on faisait sortir de leurs gonds des patients présentant des troubles graves de comportement afin de s’accorder la permission de leur taper dessus. À quelle essence de merde doit-on carburer pour descendre aussi bas dans le fin fond du creux?

Et que dire de l’omerta qui y régnait pour faire taire ceux et celles qui auraient affiché un minimum d’humanité et de courage pour dénoncer le comportement de ces écœurants qui faisaient la pluie et le mauvais temps entre les murs de la honte? Des promesses de baffes, des pneus crevés, des appels nocturnes à la maison, c’était le sort réservé à quiconque se serait ouvert la trappe. Le genre de job qui te donne des nœuds dans le ventre 24 heures par jour, 7 jours par semaine. Une ambiance de «toé, farme ta yeule!» qui m’oblige à demander ce que faisait l’administration pendant tout ce temps. Neuf employés ont été congédiés. Près du quart des effectifs! Un climat pareil ne peut pas échapper aux patrons. Impossible de ne pas être atteint par une telle puanteur. Il faudra aussi regarder de ce côté-là. Comme il faudra poser des questions aux dirigeants du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du CISSS de Laval. S’il fallait qu’on apprenne qu’une personne en autorité a fermé les yeux sur ces écœuranteries, on devrait l’accuser d’avoir été aussi malveillante que les bourreaux qui ont sévi trop longtemps.

Même les animaux les plus féroces laissent les plus du troupeau tranquille. Pas nous.

Le malheur, c’est qu’il n’y a pas qu’à la résidence Louise-Vachon que ces choses-là se passent. C’est comme ça, à différents niveaux, dans plein d’autres endroits. En attendant les conclusions de l’enquête sur les événements qui se sont déroulés à Louise-Vachon, il faudrait nous questionner à notre tour. Comment se fait-il qu’une minorité de têtes croches ait systématiquement le dessus sur une majorité réduite au silence? Pourquoi avons-nous laissé le champ libre aux intimidateurs? Où est donc passé notre droit de dénoncer? Je ne parle pas de moucharder pour des insignifiances, je parle de signaler des situations inhumaines et de dénoncer les coupables tout en ayant l’assurance d’un appui inconditionnel des autorités sans craindre les représailles.

On ne vit pas dans un monde de faibles, on vit dans un monde d’affaiblis.

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Y a pas grand monde qui s’est tapé une syncope quand on a appris qu’il n’y aurait pas de Festival des films du monde en 2019. Depuis des années, l’entêtement de Serge Losique à organiser cet événement tenait davantage de l’acharnement thérapeutique que de la digne survivance. M. Losique promet qu’il y aura une édition en 2020. On en reparlera l’an prochain…

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Une troisième victoire de suite des Alouettes! Des jeux originaux et spectaculaires, de l’enthousiasme sur les lignes de côté, des gars qui désirent manifestement plaire à leur coach et à la foule, difficile de demander mieux. Mon retour au jeu – dans la section H2, rangée 4 – approche.

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