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Le trumpisme canadien

Le trumpisme, stratégie qui consiste à désigner les minorités ethniques et religieuses comme ennemi de la nation, n’est pas spécifique aux État-Unis de Donald Trump. Ici aussi nous avons nos trumpistes populistes et réactionnaires. 

Le trumpisme est cette stratégie politique de la droite populiste et réactionnaire, élevée au rang de quasi-doctrine par Donald Trump, qui consiste à s’auto-désigner des ennemis réels ou chimériques et à leur coller tous les maux de la Terre, sans réserve, à répétition: les médias, les journalistes, les intellectuels, les gauchistes, les progressistes, les féministes, les gays, les artistes, les musulmans, les juifs, les immigrants, les réfugiés, et toutes les minorités ethniques et culturelles. Le trumpisme est le paroxysme d’une affection latente caractéristique des dernières années dans nos sociétés occidentales. C’est la manifestation politique d’une lame de fond porteuse de nationalisme identitaire, de suprématie blanche, de misogynie machiste, d’homophobie, et de racisme.

Nous observons ce qui se passe chez nos voisins du sud avec un petit haussement d’épaules. Nous sommes certes surpris, étonnés, offusqués, parfois choqués et dégoûtés, mais nous nous rassurons en pensant que nous sommes différents, que ça n’arrivera pas chez-nous, pas au Canada, pas au Québec, pas à Montréal.

Sommes-nous vraiment à l’abri? Non.

Sur la scène fédérale, il y a Maxime Bernier, illustre figure du trumpisme canadien, bien de chez-nous. Il promet de construire des murs pour empêcher les réfugiés de traverser la frontière. Il accuse les immigrants de profiter du filet social et souhaite circonscrire l’immigration et instaurer un « est de valeurs canadiennes» tout en évoquant des concepts chers à l’extrême droite tels que «immigration de masse», «multiculturalisme extrême» et «menace imminente de l’islamisme politique». Il veut abolir le droit au sol permettant à ceux nés au Canada d’être automatiquement considérés canadiens. Il attaque les médias dans ses tweets, les accusant d’être biaisés à son encontre. Il n’exclut pas la réouverture du débat sur le droit à l’avortement. Il est franchement climatosceptique. Et il ne se gêne pas de se faire prendre en photo avec des suprémacistes blancs.

Le dérisoire 3% des intentions de vote que récolte le parti de Bernier dans les récents sondages a de quoi rassurer. Tant mieux. Mais son message passe et passera lors des prochaines semaines jusqu’aux élections de novembre. On l’écoutera, on en parlera, on analysera. La joute risquera de bifurquer vers le terrain glissant de la droite réactionnaire. Est-ce que Andrew Sheer et le Parti conservateur résisterons à la tentation du populisme de droite afin de récupérer les quelques points qui les séparent des libéraux? Je ne gagerais pas trop là-dessus.

Au Québec, le discours trumpiste bien de chez-nous continue de ravager le tissu social. Il ne passe plus une semaine sans qu’on rapporte des cas de menaces ou d’agressions envers des minorités ethniques et religieuses, musulmanes notamment. M. Legault, notre «modéré» premier ministre, continue d’affirmer que tout va bien. Samedi il a publié ceci sur sa page Facebook:

«Heureusement, au Québec, on a réussi à redonner sa place au nationalisme.»

«Redonner sa place au nationalisme», sur le dos des minorités, carrément.

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