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D’où viens-tu?

chamans autochtones
Maïtée Labrecque-Saganash - Métro

Pourquoi l’identité autochtone est-elle si facile à s’approprier? Je donne un exemple. Mon arrière-grand-père était Écossais. Par contre, je n’ai pas été élevée dans la culture écossaise et je ne la connais que très grossièrement, donc je ne prétends pas être Écossaise. Pourtant, un ancêtre éloigné suffit à beaucoup de gens pour se dire Autochtone. […]

Pour beaucoup, les Autochtones sont tellement un genre de mythe figé dans le passé que ça devient facile pour n’importe qui de s’approprier cette identité et même de la façonner, parce que la colonisation a emporté beaucoup de faits et de parcelles d’histoire avec elle. À la limite, se prétendre Autochtone peut conférer un certain sens à la vie de quelqu’un en manque de spiritualité et de personnalité.

Je pense que ç’a été facile pour les sœurs Parent de mener cette vie, parce qu’elles n’ont pas de communauté pour les tenir responsables de leurs actions.

Les sœurs Parent ont peut-être été claires avec certaines personnes sur le fait que leur identité leur venait de la tradition orale – peu importe ce que ça veut dire – et qu’elles ne savent pas de quelle communauté elles viennent, mais elles ont quand même réussi à surfer sur une grosse ambiguïté. De plus en plus, douter de l’origine de quelqu’un dans les milieux autochtones est tabou, parce que c’est un réflexe «qui vient de la Loi sur les Indiens».

On dit aussi que dénoncer quelqu’un comme on a dénoncé les sœurs Parent «n’est pas traditionnel». C’est une affirmation qui me dérange. Je ne crois pas que s’identifier jadis comme Autochtone était aussi profitable qu’aujourd’hui. La réconciliation est rendue une vraie business: on n’a qu’à regarder les 15,2 M$ que le gouvernement fédéral a accordé à Canadian Roots Exchange.

Pour les libéraux, il est plus facile de financer des conférences, des rassemblements et des échanges que de financer des services publics dans les communautés. L’argent est dans la réconciliation et certaines personnes le savent. Je suis aussi certaine que les sœurs Parent ont gagné beaucoup d’argent avec des conférencières, des consultations, etc., et que cela les a peut-être inconsciemment encouragées à continuer à revendiquer des origines «mi’kmaq».

Il est aussi important de se souvenir que les sœurs Parent ont affirmé leur identité très publiquement, alors je ne vois pas en quoi c’est de la violence généalogique que le backlash soit lui aussi très public. En fait, toute leur carrière a été bâtie là-dessus, donc il ne faut pas être surpris que ça choque.

Ça veut aussi dire qu’elles ont pris la place de quelqu’un à des conseils d’administration, des panels, des processus de consultation ou d’éducation. Je ne les ai pas vues s’excuser auprès de la communauté d’avoir pris tant de place pour finalement renoncer à leur identité. Comprenez que c’est dérangeant de savoir que des gens aux origines floues prétendent nous représenter dans des dossiers délicats comme celui de la réconciliation.

Je pense néanmoins qu’il revient aux Mi’kmaq de trancher dans ce dossier, mais je trouverais ça cheap de demander à une nation de t’adopter sans avoir vraiment contribué à la vie de l’une de leurs communautés.

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