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Budget 2021-2022: Le travail de rue mieux compris, mais toujours sous-financé

Photo: Archives
Marie-Eve Ducharme - Collaboration spéciale

Au cours de cette dernière année pandémique, le travail de rue est apparu comme une solution essentielle tant du point de vue de la santé publique qu’au sein des communautés, du réseau de la santé et des services sociaux et du milieu communautaire. Or, la reconnaissance de notre expertise et de nos actions se fait toujours attendre.

Savez-vous que le salaire moyen des travailleurs de rue au Québec est de 17.05$/h, et que les organismes qui les emploient dépendent de programmes de financement insuffisants ou attachés à des projets spécifiques? Et que pour un travailleur social au Québec, donc pour le même niveau d’études, le salaire médian est de 33$/h ?

Cette situation est épuisante pour tous et elle doit être corrigée, ce que ne réussit pas le budget déposé.

Les directions d’organismes de travail de rue et les travailleurs de rue se sont retrouvés, comme leurs collègues des CHSLD, aux premières loges de la souffrance et de l’isolement des plus vulnérables de la société. Au stress de l’incertitude et à la fatigue extrême s’ajoute un financement précaire associé à des redditions de compte de plus en plus exigeantes et dissociées de la réalité terrain.

Il est en effet intéressant de rappeler que le travail de rue a été identifié par le gouvernement et le MSSS comme le meilleur moyen de protéger les personnes les plus vulnérables à plusieurs occasions au cours de la dernière année. Les travailleurs de rue ont été présents sur le terrain depuis le début et les équipes n’ont jamais arrêté d’offrir leurs services.

Chaque fois, il est apparu, parfois après coup, que le travail de rue était l’approche la plus humaine ET la plus efficace pour rejoindre les personnes exclues, marginalisées et vulnérables, leur permettre de se protéger et d’avoir accès aux soins et services de base dont elles ont besoin, ce qui permet de protéger par ailleurs l’ensemble de la communauté.

L’approche du travail de rue est différente du travail fait en institution, qui s’appuie sur des cadres normés rigoureusement pour « mesurer la productivité ». Nos collègues de la santé, de la protection de la jeunesse et de l’éducation s’en plaignent régulièrement. L’approche du travail de rue est organique, patiente et à l’écoute de la personne avec laquelle des liens doivent être tissés. C’est cette personne qui définit le rythme des avancées et les besoins qui doivent être comblés. De plus, le nouveau budget vante les «solutions innovantes» mises en place par le réseau de la santé pour réagir à la pandémie, comme de déployer des intervenants directement sur le terrain, alors que nous le faisons déjà depuis plus de 40 ans.

Dans un contexte de pénurie de main d’œuvre, notre besoin de financement récurrent doit être également bonifié conséquemment aux réalités du marché de l’emploi.Ainsi, nous pourrons conserver notre expertise, diminuer nos taux de roulement et donc nos coûts de gestion. En offrant les bonnes conditions d’exercice à nos intervenants de première ligne nous protégeons la qualité des services offerts à nos concitoyens.

Chaque 1$ investi dans le secteur communautaire représente 7$ dans le public.

Reconnaissons la contribution des intervenants de première ligne en commençant par leur offrir des conditions d’exercice décentes.

Marie-Eve Ducharme
Présidente du ROCQTR

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