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Tuvalu: Naufrage d’une nation

TUVALU - MARCH 14: (BEST QUALITY AVAILABLE) In this handout image provided by Plan International Australia, a beach is littered with debris from the storm surge, on March 14, 2015 on the island of Tuvalu. Cyclone Pam is pounding South Pacific islands with hurricane force winds, huge ocean swells and flash flooding. (Photo by Plan International Australia via Getty Images) Photo: Archives Getty

Les inondations des dernières semaines dans 180 municipalités québécoises ont mené plusieurs de ces agglomérations à déclarer l’état d’urgence. En point de presse mercredi dernier, le ministre de l’Environnement du Québec, David Heurtel, a rappelé que, cette année, le nord du Québec avait reçu l’équivalent d’«un hiver et demi» de précipitations. La fonte rapide des neiges, combinée aux fortes pluies, a entraîné les rivières hors de leur lit et dans celui des riverains.

Le Québec n’en étant pas à sa première inondation, on pourrait répliquer qu’il suffit aux gens de cesser de s’établir près des berges. Mais est-ce vraiment si simple? À l’échelle mondiale, l’ONU rapporte que les inondations ont constitué près de la moitié des catastrophes naturelles au cours des 20 dernières années. Elle prévoit qu’elles continueront d’augmenter, en fréquence comme en importance, et feront de plus en plus de victimes.

Dernière génération tuvaluane
D’ici 30 ans, les Tuvalu, archipel de neuf îles en plein cœur du Pacifique, seront en majeure partie ou entièrement noyées. Pour les 10 000 Tuvaluans, les changements climatiques n’ont rien d’une simple théorie. Ça fait quelques années déjà que la crue progressive des eaux menace leurs maisons et déracine les arbres qui servent de barrière protectrice à leur habitat.

Le point le plus élevé de l’étroit pays se dressant à 4,6 m du niveau de la mer (le mont Royal est à 233 m), impossible de s’établir en hauteur. L’eau salée s’infiltre dans les cultures, réduisant les récoltes et occasionnant des pénuries alimentaires, mais aussi dans les puits, entraînant, ironiquement, des pénuries d’eau.

Acheter la survie: un concept abstrait  
Juchée sur la Grande Barrière de corail, la population tuvaluane est habituée à vivre en quasi-autarcie. Avec un PIB per capita d’environ 4000$, dépendre de l’importation de produits alimentaires est économiquement insoutenable.

Fait cocasse, 10% des revenus annuels du pays proviennent des droits perçus sur l’utilisation du nom de domaine .tv sur le web, par exemple par la plateforme radio-canadienne Tou.tv. Malheureusement, la baisse des océans ne s’achète pas.

Plier bagage
Quelques milliers de kilomètres au sud et au sud-ouest, en Nouvelle-Zélande et en Australie, les demandes d’asile pour cause de changements climatiques se multiplient. La Convention des réfugiés ne reconnaît toutefois pas le statut de réfugié climatique. En attendant une intervention de la communauté internationale, ceux qui le peuvent émigrent et tentent ensuite d’accueillir leur famille à l’étranger.

La Banque mondiale avise les deux plus grands pays de l’Océanie d’ouvrir leurs frontières pour permettre une relocalisation stratégique et ainsi éviter de faire face à une crise éventuelle de réfugiés climatiques. Elle insiste également sur l’importance de constituer une diaspora de la population tuvaluane, dont la culture et la langue trois fois millénaires risqueraient de disparaître en cas de dissémination.

Pendant qu’au Québec, nous en sommes donc à évaluer en dollars les dommages causés par la crue printanière des eaux, ailleurs, le coût réel des changements climatiques est déjà inestimable.

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