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Le Honduras, pays sans président

Police attempt to take control of a road blocked by a burning barricade erected by protesters, in Tegucigalpa, Honduras, Friday, Dec.15, 2017. Protests in support of Honduran presidential opposition candidate Salvador Nasralla continued throughout the country Friday as Nasralla demanded a full recount, refused to recognize the results and called for a nationwide protests. (AP Photo/Fernando Antonio) Photo: AP

Salvador Nasralla, un animateur télé recyclé en politicien, affichait presque cinq points d’avance sur son rival. 80% des bulletins de vote étaient comptabilisés. La victoire de la coalition de centre-gauche semblait irrévocable.

Soudain, une panne informatique au Tribunal suprême électoral a interrompu le décompte. Peu après la remise en marche du système, on a annoncé que la vapeur s’était renversée en faveur du président sortant, Juan Orlando Hernández.

Deux vainqueurs
L’Organisation des États américains ne reconnaît pas les résultats. Avec moins de 2% d’avance, le parti de centre-droite se déclare néanmoins vainqueur. L’opposition a organisé une mobilisation «générale et permanente» pour exiger un recomptage. Elle soupçonne le Tribunal suprême électoral, dont les membres sont nommés par le Congrès dirigé par Hernández, d’avoir trafiqué le vote.

C’est non seulement la victoire douteuse de celui qu’on surnomme JOH qui met l’opposition en rogne mais carrément sa candidature aux élections. La Constitution hondurienne interdit formellement les seconds mandats, mais le président l’a fait modifier pendant son mandat.

Soulèvement populaire
Depuis trois semaines, les Honduriens descendent par milliers dans les rues. «Dehors, JOH!», scandent les uns. «Quatre ans de plus!», s’opposent les autres. Devant la contestation, le gouvernement de Hernández a imposé un couvre-feu de 18h à 6h pendant 10 jours. En réponse, les Honduriens ont tenu des manifestations nocturnes.

Ce pays de neuf millions d’âmes, séparé du Mexique par le Guatemala, connaît sa plus grande crise depuis le coup d’État de 2009. L’ex-président destitué pendant le putsch, Manuel Zelaya, appuie le candidat de l’opposition.

Le Honduras est un allié historique des États-Unis et Hernández est apprécié à Washington pour sa ligne dure envers le narcotrafic. Depuis l’élection de Hernández, en 2013, on rapporte une chute marquée du taux d’homicides.

Le Congrès américain a alloué 650M$US cette année au Honduras, au Guatemala et au Salvador pour combattre le crime et améliorer la situation économique afin de limiter l’afflux de migrants et de drogues à la frontière du Texas.

Toutefois, des groupes de défense des droits de la personne accusent le gouvernement hondurien de fermer les yeux sur les meurtres de journalistes et d’activistes, notamment Berta Cáceres, une environnementaliste autochtone assassinée à son domicile en 2016.

Une révolte pour Noël
La loi prévoit que les résultats officiels doivent être livrés au plus tard le 26 décembre. À chaque jour qui passe, la tension continue de grimper. Amnistie internationale rapporte 14 décès durant les manifestions et dénonce les arrestations arbitraires, l’usage de balles réelles, le recours excessif à la force et la répression des voix dissidentes par les forces gouvernementales.

Certains policiers et soldats, refusant d’obéir aux ordres de répression, dansent quant à eux avec les manifestants en appelant à la destitution de Hernández. La jeunesse déambule dans les rues de Tegucigalpa et distribue des fleurs blanches aux autorités solidaires. Dans le L.A. Times, on parle même des possibles balbutiements d’une «révolution orchidée», en 
référence à la fleur nationale.

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