Le panda, un rare chanceux parmi 82 954 mourants

Photo: Getty

Hourra! Le panda géant est désormais une espèce «vulnérable», et non plus «en danger», selon le classement de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) mis à jour dimanche. Mais cette (trop) rare bonne nouvelle concernant les espèces en péril ne doit pas occulter les 82 954 espèces encore inscrites sur la liste rouge de l’UICN, dont plus du quart sont menacées d’extinction imminente.

Parmi elles, figurent nos semblables, les grands singes, dont quatre des six espèces sont aujourd’hui en danger critique d’extinction, la dernière catégorie où les animaux peuvent encore espérer trouver notre prise de conscience et notre miséricorde avant d’être éradiqués, purement et simplement. Les gorilles de l’Est, dont la population a connu une diminution dramatique de 70% en 20 ans, sont aujourd’hui à peine 5000 à vivre dans les jungles d’Afrique centrale.


L’exploitation pétrolière – entre autres – menace les gorilles de montagne du parc Virunga, en République démocratie du Congo.

L’hécatombe est de la même échelle pour les gorilles de Grauer, qui sont à peine plus de 3800 à l’heure actuelle, après avoir perdu 77% de leurs semblables depuis 1994. Et qui peut se réjouir de la croissance de la population des gorilles de montagne, dont les effectifs ont crû depuis le dernier recensement pour s’élever à un mirobolant… 880 individus?

«Voir glisser vers l’extinction le Gorille de l’Est, qui nous est étroitement apparenté, est vraiment consternant.» -Inger Andersen, directrice générale de l’UICN

Les orangs-outans de Bornéo et de Sumuatra complètent le triste palmarès des grands singes en danger critique d’extinction, avec les gorilles de l’Est et de l’Ouest. Les chimpanzés et les bonobos, avec qui l’être humain partage plus de 95% de son bagage génétique, sont quant à eux «seulement» classés parmi les espèces «en danger».

Pas de quoi sabrer le champagne, avouons-le.

C’est la chasse illégale qui causerait le déclin des grands singes, tout comme celui du zèbre des plaines, qui a vu 24% de sa population être décimée depuis 1994 pour se chiffrer à quelque 500 000 têtes.

The New Arrivals At Port Lympne Wild Animal Park
Le zèbre des plaines est lui aussi menacé par la chasse illégale et la déforestation.

À titre de comparaison, la planète écologiste s’affole pour le déclin catastrophique des éléphants en Afrique, qui a vu ses effectifs être réduits d’un tiers au cours des sept dernières années. L’agonie des éléphants, bouleversante et pathétique parce que c’est l’avarice humaine, et uniquement elle, qui tue à petits feux ces animaux majestueux à l’ivoire si convoitée, est aussi très médiatisée, en phase, sans doute, avec l’urgence de leur détresse.

Mais des dizaines de milliers d’espèces présentes sur la liste rouge de l’UICN, de combien d’entre elles n’avons-nous jamais entendu parlé? La nature peut mourir «loin des yeux, loin du cœur»: cela ne change rien au fait qu’elle meurt.

La biodiversité de l’Afrique en est une d’exception, précieuse comme tout ce qui est unique en ce bas monde. La question mérite d’être posée: devrait-on laisser les pays de ce continent seuls dans leur combat pour la préservation de leur environnement? L’Afrique est plus souvent qu’autrement aux prises avec ses propres problèmes, dont le moins cruel n’est certainement pas sa pauvreté chronique. La conservation de la nature coûte temps, expertise, et (beaucoup) d’argent. La communauté internationale se mobilise déjà pour offrir du répit et, en bout de ligne, une survie aux espèces en péril.

Jakarta Centre Rescues Orphaned Orangutans
Les orangs-outans de Bornéo et de Sumatra sont eux aussi menacés, notamment par l’exploitation intensive de l’huile de palme qui détruit son habitat.

C’est très bien, mais visiblement, ce n’est pas assez, car les quelques espèces qui connaissent des signes de croissance après des années d’efforts représentent autant d’exceptions qui confirment la règle: l’environnement souffre, la biodiversité s’amoindrit, la faune et la flore paient un lourd tribut pour une pollution et une avarice humaine avec lesquelles elles n’ont absolument rien à voir.

Mais le panda va mieux, à défaut d’aller bien: voilà de quoi se réjouir, après tout! Une hausse, et pas des moindres, a été constatée parmi sa population: 17%! Bilan: lors du dernier recensement effectué en 2014, 1864 pandas géants ont été identifiés. C’est assez pour que cette espèce ne soit plus que «vulnérable»: yabadabadou! Sauf que la survie est loin d’être gagnée pour l’adorable herbivore. Le réchauffement climatique – encore lui! – menace de ravir le tiers de son habitat naturel d’ici la fin du siècle, menaçant le bambou dont les pandas géants se nourrissent.

«Cette bonne nouvelle pour le panda géant prouve que lorsque la science, la volonté politique et l’engagement des communautés locales se réunissent, nous pouvons préserver la faune et la biodiversité.» -Marco Lambertini, directeur général du WWF

Everland Amusement Park Introduce Their New Panda Couple
Une des rares bonnes nouvelles annoncées au Congrès mondial de la nature de l’UICN, qui s’est ouvert à Hawaï au cours de la fin de semaine: la population de pandas est à la hausse après des années de déclin.

Bref, Damoclès tient encore sa vilaine épée tout près de la tête noire et blanche du panda. Toutefois, saluons les efforts consentis par le gouvernement chinois en matière de conservation, ainsi que l’implication d’une multitude d’ONG consacrée à sa protection. Quelque 67 aires protégées formant un réseau de corridors naturels par lesquels les communautés de pandas isolées peuvent rejoindre leurs semblables ont été mises en place. C’est avec ce genre d’efforts que la vie des animaux peut s’améliorer, et que leur survie peut, pour un temps du moins, être assurée.

Notre prise de conscience et notre vigilance quant à nos propres comportements sont aussi nécessaires pour que ces quelques bonnes nouvelles ne soient pas que des éclaircies dans le sombre horizon qui se dresse devant 82 954 espèces dans le monde…

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