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Pour une colère organisée

Young african woman standing outdoors with group of demonstrator in background. Woman protesting with group of activists outdoors on road. Photo: Getty Images/iStockphoto

L’identité, ça se construit, c’est la résultante d’expériences, ce n’est pas un choix réfléchi ni calculé. Il est quasi impossible pour une personne – qui dit ne pas voir de couleur – de se mettre sincèrement dans la peau d’une personne dont l’histoire, la réalité et le vécu lui sont complètement étrangers. Ce n’est pas la peine de revenir sur la controverse SLĀV, la poussière est retombée, les médias sont passés à autre chose… élections obligent. Cependant, à chaque débat effleurant l’épineux sujet de l’identité, à chaque occasion ratée de faire l’exercice de comprendre l’autre, un argument semble faire l’unanimité dans le camp des grands «défenseurs» de la liberté d’expression: «Les pauvres militants, ils se trompent de cible.»    

Nous ne vivons pas dans une société homogène. La diversité culturelle et la protection des droits des minorités (sexuelles, linguistiques, religieuses, ethniques) sont des enjeux inévitables que nous devons aborder ensemble. Les discours sont discrédités non pas sur le fond, mais souvent sur l’approche, évacuant la possibilité de réfléchir collectivement aux solutions pour faire mieux. On privilégie une guerre de mots alors qu’il faudrait simplement admettre nos échecs, nos erreurs et les corriger. Dernièrement, j’ai lu cette phrase: Don’t get mad, get organized (Ne sois pas en colère, sois organisé), et elle m’a fait beaucoup réfléchir. La colère, oui, mais pas seulement! Il faut catalyser cette colère.

Les personnes issues des communautés doivent agir loin des débats médiatiques stériles. Elles doivent refuser d’être en mode attente éternelle.

Elles doivent siéger sur les conseils d’administration de sociétés d’État, d’institutions et d’organismes culturels. Elles doivent se positionner stratégiquement, sensibiliser de l’intérieur pour avoir une réelle influence et un pouvoir décisionnel afin de changer les tristes constats actuels.

Elles doivent s’engager activement en politique, mais refuser les rôles de candidats poteau. Elles doivent utiliser le pouvoir de leur vote pour revendiquer des mesures concrètes afin de garantir l’égalité des droits et la non-discrimination. Aucun parti ne devrait tenir pour acquis le vote des communautés noires. Elles doivent exiger plus sans crainte de perdre des privilèges personnels au profit du bien commun. Mention spéciale à Renée-Chantal Bélinga – conseillère d’arrondissement du district Ovide-Clermont à Montréal-Nord –, qui a quitté Ensemble Montréal pour demeurer fidèle à ses promesses électorales d’appuyer un projet de mémoire pour commémorer les événements de 2008 et la mort tragique de Fredy Villanueva.

Les leaders communautaires, culturels, politiques et économiques doivent s’unir pour former un lobby influent afin de défendre les intérêts des communautés noires. L’accomplissement de Balarama Holness et de son équipe pour l’obtention d’une consultation publique sur le racisme systémique prouve la force du nombre et l’importance de la solidarité.

Les communautés doivent utiliser cette colère et la transformer en actions constructives pour améliorer les choses.

Et tout ça, ce n’est pas se tromper de cible, c’est viser en plein dans le mille.

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