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Stop à la banalisation de la haine!

violences sexuelles

Avant de poser le geste odieux de tuer de sang-froid 50 personnes et d’en blesser une quarantaine en Nouvelle-Zélande, Brenton Tarrant, le présumé terroriste d’ultra droite, avait publié sur son compte Twitter un manifeste raciste intitulé «Le grand remplacement». Dans ce texte, il déclare ouvertement vouloir s’en prendre à des musulmans et fait l’apologie de la supériorité de la «race» blanche. Pendant 12 minutes, le suprémaciste a diffusé en direct sur Facebook les images de son odieux carnage. Comment le réseau social a-t-il pu laisser des images d’une telle violence être diffusées aussi longtemps?

L’avènement de l’internet et des médias sociaux a permis de faire des avancées considérables quant à nos modes de communication. Cependant, sur l’internet, au nom de la liberté d’expression, les discours haineux se propagent sans crainte de sanction. Ils sont normalisés et rarement dénoncés. Petites et grandes violences se côtoient au quotidien. Il y a une démocratisation de la haine qui fait peur à bien des égards, car elle démontre notre passivité quant à ces discours qui gagnent du terrain et qui sont plus accessibles que jamais. Pourquoi accepte-t-on sur la Toile des propos qui ne seraient jamais tolérés dans la «vraie» vie?

L’absence de règle, l’anonymisation et le sentiment d’être intouchable derrière son clavier renforcent les mécanismes de violence. Il devient plus facile de passer de la parole (ou des écrits) aux actes, quand en un clic, il est possible d’avoir accès à des groupes de propagande, tout aussi violents les uns que les autres, qui intoxiquent des extrémistes en dormance et les réconfortent dans leur hystérie complotiste.

J’ai mal à notre humanité quand j’observe la violence des débats en ligne et quand je lis les commentaires racistes post-Christchurch ou sur la tragédie de la famille Barho, à Halifax. Je me questionne sur nos valeurs fondamentales et sur le type de société qu’on veut léguer à nos enfants. Quand avons-nous perdu notre humanité? L’humain est pourtant une créature sensible. Que s’est-il passé pour que des gens puissent se réjouir ouvertement de la mort tout en affichant leur racisme crasse?

Nous avons une responsabilité collective dans l’effritement de notre tissu social, car pendant trop longtemps, nous avons banalisé la haine au profit de la liberté d’expression. Le silence n’est plus une option devant tant d’abomination. Il faut dénoncer chaque fois que nous sommes témoins d’actes ou de propos haineux. Il faut un cadre législatif implacable. Il faut responsabiliser les plateformes de réseaux sociaux dont les modèles économiques favorisent la propagation de contenus virulents et viraux. Il faut des mécanismes de détection et d’intervention. Les médias doivent comprendre le rôle qu’ils jouent dans la prolifération et la propagation des discours haineux et doivent modérer les commentaires. Il faut une politique de tolérance zéro! La lutte contre les discours de haine nous concerne tous. Il ne s’agit pas ici de porter atteinte à la liberté d’expression, il s’agit ici de défendre la dignité humaine, de protéger la vie et de veiller à une construction saine de l’imaginaire social de nos enfants pour un avenir différent et meilleur.

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