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Fortnite ou l’échec parental

violences sexuelles

Vous connaissez le jeu vidéo Fortnite? Vous en avez probablement entendu parler au cours des derniers jours. Conçu par l’américaine Epic Games, Fortnite est disponible gratuitement sur plusieurs plateformes en ligne. Le concept est simple : 100 joueurs catapultés sur une île doivent s’entretuer pour survivre… L’an dernier, Bloomberg publiait un reportage-choc qui révélait les cas de plusieurs jeunes entrés en cure de désintoxication en raison de leur dépendance à ce jeu. Plusieurs parents, complètement dépourvus, ont perdu le contrôle. Différents articles publiés récemment font état de conflits familiaux et de divorces causés par l’utilisation de Fortnite… Il n’y a pas que les adolescents qui en sont victimes. Des couples se séparent et certaines ligues professionnelles sonnent l’alarme au sujet de la santé mentale de leurs athlètes, devenus accros. Des spécialistes comparent même Fortnite à de l’héroïne ! D’ailleurs, depuis janvier 2018, la dépendance aux jeux vidéo a été formellement reconnue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme étant une maladie.

Dans la foulée des questionnements sur les conséquences négatives de Fortnite, un cabinet d’avocats montréalais, Calex Légal, vient de demander l’autorisation d’exercer un recours collectif contre la première fortune du jeu vidéo afin de prouver que Fortnite a été « spécialement conçu pour être le jeu le plus addictif possible » par une équipe qui comprenait des psychologues. Le dépôt de cette demande d’action collective a entraîné de vives réactions. Les opinions de parents concernés ou non ont envahi les médias sociaux. Une critique reprise par plusieurs est que ce recours est une façon
lâche pour des parents de se déresponsabiliser de leur échec parental. En mettant la faute sur le géant du jeu vidéo, ils viennent en quelque sorte se conforter dans l’idée qu’ils ne sont pas coupables d’avoir omis de protéger leurs enfants. Ils peuvent ainsi prétendre ne pas avoir su que le jeu comportait des risques et que le créateur a agi de manière insidieuse en omettant d’avertir les utilisateurs
des dangers liés à Fortnite.

Selon ces commentaires, les parents seraient donc les seuls responsables et ne devraient pas chercher de coupable, mais accepter leur échec. Laisser son enfant jouer 10 heures par jour pendant des années pour ensuite accuser l’autre d’avoir transformé sa progéniture en zombie relèverait du délire. J’en conviens : les parents doivent être plus vigilants et encadrer davantage leurs enfants. Le problème est qu’on vit dans une société où l’on a fait comprendre aux parents qu’ils ne pouvaient plus être autoritaires. Des psychologues nous bourrent la tête de concepts de parentalité positive et bienveillante. On nous explique comment le mot NON peut être dommageable pour leur développement. On nous martèle qu’on doit accepter et respecter leurs besoins. Qu’il ne faut pas les confronter, qu’on doit les guider et non les contrôler. Il ne faut pas les punir, car c’est les humilier. On ne doit pas leur parler avec fermeté, c’est une violence émotionnelle…

C’est simpliste d’accuser  les parents, mais quand la société t’amène constamment à remettre en question tes compétences parentales, tu fais quoi? Nous vivons à une époque où les parents ne se sont jamais autant posé de questions sur leur rôle éducatif.

Il est peut-être aussi temps de se questionner sur notre échec collectif dans les dérives que l’on observe dans nos familles. Il y a une mutation de l’autorité familiale. On assiste à une disparition de l’autorité ou à une démission parentale à l’égard de l’éducation des enfants. C’est important de se pencher sur ces questions au lieu de chercher des coupables à tout prix!

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