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Au-delà du profilage racial

violences sexuelles

La sortie du film Queen & Slim, prévue le 27 novembre, risque de ramener à l’avant-plan l’épineuse question du profilage racial et de la brutalité policière.

Le scénario de Lena Waithe, porté à l’écran par Melina Matsoukas, raconte l’histoire d’un homme et d’une femme noirs arrêtés pour une «infraction» mineure de la route.

La situation s’envenime et tourne au drame lorsque l’homme, en voulant se défendre, tue accidentellement le policier.

Terrifiés, la femme et l’homme sont obligés de partir en cavale.

L’incident est filmé et devient viral, ce qui élève involontairement le couple au rang de symbole du traumatisme, du deuil, de la terreur et de la douleur de millions de personnes.

Queen & Slim est un film puissant qui met en lumière le dangereux prix du racisme et de la violence dans nos sociétés.

La sortie du film coïncide avec la publication récente d’un rapport confirmant que les Noirs, les Autochtones et les jeunes Arabes sont particulièrement victimes de «biais systémiques liés à l’appartenance raciale» par les agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

L’utilisation des termes «biais systémiques» dans le rapport est un choix que je peux imaginer stratégique.

En évitant le mot «profilage», qui est lourd de sens et implique un geste conscient et une responsabilité, les auteurs de l’étude ont sûrement opté pour la libre interprétation.

Utiliser la notion de biais peut insinuer que la personne n’est pas réellement responsable de ses actes ou de ses pensées et qu’elle est simplement influencée par des erreurs de perception. Par définition, un biais n’est pas conscient, mais le profilage, oui! 

Que le SPVM reconnaisse ouvertement le problème est un début.

Le dernier rapport sur la question (Mathieu Charest) en 2009 avait été mis sur les tablettes par le directeur de l’époque, Jean-François Pelletier.

Celui-ci dénonçait entre autres choses la méthodologie de l’auteur et affirmait que le problème n’était pas systémique, mais avait plutôt à voir avec le savoir-être des agents.

Sylvain Caron, le chef actuel de la police, refuse de croire que certains de ses agents puissent être racistes.

La vérité est que, si on veut réellement régler le problème, il faut mettre tous les scénarios sur la table.

Que le Service de police de la Ville de Montréal reconnaisse ouvertement le problème est un début. 

Il faut aussi parler de l’impact de cette brutalité et de ce profilage sur de jeunes hommes (en majorité) racisés qui sont victimes de délit de faciès.

Il est rare qu’on aborde la question des traumatismes liés à ce genre d’abus.

Il y a les contestataires qui refusent de se voir cibler sans avoir commis d’infraction et il y a les résignés qui acceptent sans broncher ce traitement injustifié.

Le profilage racial a des effets psychologiques documentés. La présence de troubles de stress post-traumatique et d’autres pathologies liées au stress a été rapportée.

Le profilage dépasse les personnes qui y sont directement exposées. Sont également touchés les parents, les amis et les proches. 

Pour cette raison, je pense que Queen & Slim doit être vu par tous ceux et celles qui n’ont jamais été victimes de profilage racial. Par ceux qui pensent que la victimisation est un modus operandi pour des communautés et qui ne comprennent pas la portée de ces agressions.

J’espère que tous les agents du SPVM iront le voir aussi car, comme le disait l’abbé Pierre: «La première règle avant d’agir consiste à se mettre à la place de l’autre. Nulle vraie recherche du bien commun ne sera possible hors de là.»

Queen & Slim est une incursion intime dans la sphère émotionnelle des protagonistes qui permet d’aller au-delà des idées préconçues et de réellement se poser les questions qui s’imposent. 

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