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Mort-né

violences sexuelles

Lorsque j’ai lu l’histoire de Cynthia Ductan, cette jeune femme de Laval qui a perdu son enfant de 39 semaines à l’hôpital Cité-de-la-Santé, j’ai tout de suite eu une pensée pour cette famille qui, sans l’ombre d’un doute, doit vivre la douleur la plus extrême qui soit: la perte d’un enfant.

Le cas de Cynthia Ductan est particulier. Sa grossesse était normale. On a décidé de provoquer l’accouchement, car l’enfant avait les reins un peu dilatés et on souhaitait le soigner.

On aurait appliqué un gel pour provoquer l’accouchement. Le cœur du bébé a été surveillé durant seulement deux heures après qu’on eut pris la décision de mettre du gel.

À 8h, le lendemain matin, la médecin a constaté qu’il n’y avait plus de cœur fœtal.

La mère explique qu’elle a eu des douleurs intenses au cours de la nuit et qu’on lui a simplement administré des Tylenol et de l’Ativan.

À l’accouchement, le bébé était mort-né. Les médecins n’ont pu expliquer son décès, car il n’y avait pas de problème avec le cordon ombilical ni avec le placenta.

Cette nouvelle m’a replongée dans mes souvenirs de grossesse. La première fois, c’était en 2004. À 12 semaines, j’aperçois quelques gouttes de sang dans mes sous-vêtements et je ressens une douleur intense au bas-ventre.

Je me rends à l’urgence; on me dit que c’est une fausse alerte et que tout va bien, que je peux rentrer chez moi. Alors que je me rhabille, le fœtus tombe au sol. Je crie, une infirmière vient me rejoindre. Elle ramasse le fœtus, le met dans la cuvette de la toilette et tire la chasse. Elle me dira simplement que ça arrive tous les jours. 

En 2017, lorsque j’ai accouché de ma fille, j’ai dû exiger que la médecin n’entre pas dans ma chambre. 

Elle a procédé à des touchers sans se présenter, sans jamais m’adresser la parole, sans m’expliquer ce qui se passait, sans faire preuve d’aucune compassion ni d’humanité. J’ai été vue par je ne sais combien d’étudiants. Trente heures de travail, de l’ocytocine, une épidurale, pour finir avec une césarienne sans que je comprenne vraiment ce qui nous arrivait. 

Trop souvent, des femmes vivent des violences obstétricales et gynécologiques dans le système de santé et ne disent rien. Elles se taisent, car elles n’ont pas les connaissances nécessaires pour remettre en question les protocoles ou les interventions du personnel médical. Cynthia Ductan se culpabilise en pensant qu’elle aurait sûrement dû exiger le maintien du moniteur.

Trop souvent, des femmes vivent des violences obstétricales et gynécologiques dans le système de santé et ne disent rien. 

On peut se demander s’il y a eu négligence de la part du personnel hospitalier dans ce cas, mais on se doit d’exiger plus! Le cas de Mme Ductan est peut-être particulier, mais il n’est pas isolé. Sur le site stopvog.org, on peut lire des centaines de témoignages poignants sur les violences obstétricales et gynécologiques.

Plusieurs personnes militent pour une enquête québécoise sur la question afin d’évaluer l’ampleur du problème. Ariane Metellus fait partie des citoyennes engagées qui exigent d’avoir des données statistiques sur ces questions. Elle presse le ministère de la Santé de se pencher sur ce dossier.

Les femmes doivent connaître leurs droits, connaître leur corps, s’informer sur la physiologie de l’accouchement et avoir recours à de l’accompagnement à la naissance si c’est possible. Elles doivent dénoncer les mauvais traitements. Nous devons nous inspirer du courage de Cynthia Ductan et ne pas craindre de parler publiquement de ces histoires afin d’éviter d’autres cas malheureux comme ceux-ci.

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