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Islamophobie: le courage plutôt que le déni

Josie Desmarais/Métro Photo: Josie Desmarais/Métro

Non, le Québec n’est pas raciste et islamophobe.

Non, le Québec n’est pas pire qu’ailleurs.

Oui, le Québec est une société ouverte.

Pourquoi faut-il sans cesse faire cet exercice de dédramatisation quand il s’agit de parler de racisme ou d’islamophobie?

Dès que le sujet est mentionné, les objections fusent: le Québec n’est ni islamophobe ni raciste! Mais il s’agit d’une simplification contreproductive; identifier un problème qui existe dans une société ne signifie pas que ladite société se résume à ce problème. Le Québec, c’est huit millions de personnes qui n’agissent pas toutes de la même façon, alors répéter que «le Québec n’est pas raciste» ou islamophobe, ça ne veut pas dire grand-chose…

Il n’en demeure pas moins que plusieurs se mettent sur la défensive dès qu’il est question d’inégalités raciales et reçoivent ces discussions comme une attaque en règle. Ça rend les échanges vraiment ardus.

Bien sûr, ce mécanisme de défense peut se comprendre, car qui n’aimerait pas être irréprochable? Mais rien ni personne ne l’est. Toutes les sociétés ont des problèmes à régler, et le Québec ne fait pas exception.

Par exemple, on peut démontrer factuellement que des personnes subissent des agressions en raison de leur orientation sexuelle. Face aux faits, on en déduit que l’homophobie est un problème réel et qu’il faut s’y attaquer. Il serait absurde de s’effaroucher et de s’écrier: «Non! Le Québec n’est pas homophobe!» Ce n’est pas bien différent avec le racisme et l’islamophobie, dire qu’il existe des injustices auxquelles il faut remédier. Ça ne relève pas de l’opinion, c’est factuel, et l’affirmer n’est pas un désaveu envers le Québec.

Quand on réagit en niant et en se plaçant sur la défensive, on détourne la conversation de l’essentiel. On ne cherche qu’à être rassuré au plus vite. Comme si l’esquive était un coup de baguette magique pouvant faire disparaitre la discrimination bien documentée, les crimes haineux, les groupes d’extrême droite, les projets de lois liberticides, les agressions, les témoignages… Devrait-on ignorer tout cela pour ménager l’inconfort d’autrui?

Pourquoi se braquer, se fâcher et nier, plutôt que d’accepter qu’il est normal et souhaitable qu’une société fasse un travail de réflexion sur elle-même et cherche à améliorer les lacunes? Ayons la sagesse de consentir à cette introspection et le courage de proposer des solutions. Autrement, on tourne en rond et on stagne, c’est ça qui nous affaiblit, c’est ça qui nous mine.   

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