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Proche de 9 sur 10…

maladie mort

À la suite du jugement d’Alexandre Bissonnette, les chroniques de Lise Ravary et Joseph Facal sur la réaction des familles endeuillées et des représentants de la mosquée de Québec sont une parfaite illustration de ce qu’est la condescendance.

Pour ces chroniqueurs, ça serait la culture de «la communauté» éprouvée qui explique que certains se montrent insatisfaits du verdict. Ils multiplient les formules moralisatrices et stéréotypées: pour Ravary, c’est qu’ils «ne comprennent pas le pays où ils vivent», pour Facal, c’est qu’ils n’ont pas saisi «l’éthique fondamentale de la société qui leur a ouvert ses bras».

Ce n’est donc pas la douleur, pas le deuil, pas la peur, pas le stress post-traumatique…

Il est hallucinant d’avoir à expliquer ça, mais ce n’est pas hors du commun que les victimes d’actes criminels jugent que les coupables ne payent pas assez cher leurs gestes. Diverses recherches scientifiques relatent qu’un large éventail de facteurs influencent le sentiment de justice, comme le fait d’avoir de l’aide psychologique, de se sentir en sécurité, d’être tenu informé tout au long des procédures, la perception qu’il y a proportionnalité entre le crime et la peine, etc. Et plus le crime est grave, plus la satisfaction sera conditionnelle.

C’est compréhensible, vivre un drame de cette nature chamboule le rapport au monde, retrouver la paix ne peut qu’être long et tortueux. Alors il n’y a pas d’anomalie dans les réactions déplorées par Ravary et Facal. Surtout, l’ignorance et l’ingratitude n’ont rien à voir là-dedans. Sous-entendre le contraire est franchement infâme.

Mais qu’importe la complexité du phénomène et les multiples facteurs à considérer, ils ont statué: c’est la culture vengeresse des musulmans qui est en cause.

Bien sûr, ils mentionnent ici et là qu’il faut comprendre la douleur, mais si c’est le cas, pourquoi sauter sur la première occasion pour faire la leçon aux endeuillé-es? Ravary y va même d’un étrange commentaire pour quantifier l’horreur en écrivant que sur une échelle de 1 à 10, ce drame s’approche du 9…

Ainsi, même dans des circonstances aussi éprouvantes, les Québécois-es de confession musulmane sont dépeints comme fondamentalement «Autre». Des Autres qui ne comprennent pas les fondements d’une société civilisée. C’est à croire que ces familles ne sont pas des victimes en premier lieu; elles sont musulmanes d’abord et avant tout. Et c’est à l’aune de leur confession religieuse que leurs paroles et gestes sont interprétés.

Ravary a raison de dire que c’est triste. C’est infiniment triste, ce mépris sans cesse renouvelé.

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