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Kenny

maladie mort

«Kennyyyyyyy!»

Kenny, c’est l’un des intervenants phénoménaux du Centre des jeunes L’Escale à Montréal-Nord. La fille qui l’a salué avec cet enthousiasme débordant a déballé son sac en quelques secondes: son humeur, sa journée, le froid qui s’éternise. La confiance était palpable entre elle et lui. Évidemment, cette confiance ne tombe pas du ciel; elle se bâtit avec de la patience, de l’écoute et du respect mutuel.

Kenny Thomas en sait quelque chose. Il travaille à l’Escale depuis trois ans et demi maintenant. Trois années durant lesquelles il a tissé des liens solides avec les jeunes du quartier. Il les accompagne et les outille pour les multiples défis qui jalonnent leurs vies: décrochage scolaire, problèmes familiaux, toxicomanie, relations interpersonnelles…

Pour la Journée internationale des droits des femmes, Kenny m’a invitée avec deux autres femmes engagées pour échanger avec une quinzaine d’adolescent-es. On a abordé une panoplie de sujets, allant du consentement jusqu’aux réseaux sociaux, et on a partagé opinions et expériences personnelles dans une de ces ambiances bien particulière, chargée mais agréable.

L’échange fut tellement fructueux qu’en quelques minutes, on a pu saisir l’importance de ce genre d’espace, aussi vital que l’oxygène.

Le plus frappant était de constater toutes les couches de complexité qui s’empilent dans le quotidien de ces jeunes. Montréal-Nord, on le sait, est un secteur défavorisé, cette réalité s’incarne de bien des façons et crée un cumul d’épreuves avec lesquels les jeunes résidants doivent jongler. Ça se reflétait clairement dans la lourdeur de certaines histoires qui ont été relatées.

«Une chance que Kenny est là», ai-je pensé lors de cette soirée. Une chance que des intervenant-es habiles et bienveillants prêtent main-forte à ces adultes en devenir. Que le potentiel, l’intelligence, la conscience et les ambitions de ces derniers sont pris au sérieux. Kenny leur répète: «On veut que vous gagniez la game». Cette game-là, c’est la vie. Malmenée par des systèmes qui perpétuent les inégalités socio-économiques à la source de plusieurs problèmes dans ce coin de la ville.

On ne parlera donc jamais assez de l’importance du travail qui est fait dans les organismes communautaires qui œuvrent pour améliorer la vie de jeunes aux parcours atypiques. Un travail qui mériterait d’être cent fois plus valorisé, notamment par des salaires à la hauteur des tâches colossales qui sont accomplies.

Entretemps, il y a de formidables choses qui sans cesse naissent et se déploient à Montréal-Nord. Ça aussi, on ne le dira jamais assez.

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