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Chair à canon

maladie mort

Ça a été dit et redit: le projet de loi 17 qui dérèglementera l’industrie du taxi aura des impacts essentiellement sur des personnes racisées. Mais il faut également dire que ce n’est pas une simple malchance.

Non, ce n’est pas un malheureux hasard si l’industrie en jeu en est une regroupant des travailleurs majoritairement immigrants. Au contraire, si le gouvernement juge qu’il est acceptable de fragiliser ainsi les conditions de vie de ces travailleurs, c’est qu’il considère ces derniers négligeables.

Ils sont ni plus ni moins de la chair à canon.

Il ne viendrait pas à l’idée du gouvernement de se montrer aussi cavalier avec le monde des affaires. Il craindrait pour la réputation du Québec sur les marchés mondiaux. Mais ce ne sont pas les chauffeurs de taxis, leurs familles, leur désarroi et leurs intérêts qui semblent préoccuper le premier ministre.

Il dévoile l’étendue de son «courage» en s’en prenant à des groupes vulnérables dont les revenus ne versent certainement pas dans l’excès…

En comparaison, François Legault n’a pas hésité à défendre la gestion de l’offre lorsque les agriculteurs québécois ont été affectés par le nouvel accord de libre-échange qu’a négocié le gouvernement Trudeau avec les États-Unis et le Mexique.

Mais les chauffeurs de taxi n’ont pas droit au même appui. Encore une fois, ce n’est pas le hasard qui détermine qui le gouvernement défendra et qui il ne défendra pas.

Ça relève de choix politiques. On sacrifie ceux qu’on juge «sacrifiables».

À vrai dire, cette indifférence est crève-cœur. J’ai vu des hommes immigrants dans mon entourage se démener jour et nuit pour offrir des conditions de vie décentes à leurs familles.

François Legault et François Bonnardel ne se soucient visiblement pas de l’ampleur de la difficulté que constitue l’immigration. Ils n’ont aucune idée de la besogne que ces hommes ont dû abattre pour être là où ils sont. Aujourd’hui, ils doivent se dire: «tout ça pour ça». Trimer sans relâche pendant des décennies pour finalement voir un raz-de-marée tout emporter.

Avec ce genre de politique, la figure de la CAQ se clarifie: froide et déshumanisante.

Pour beaucoup, le gouvernement caquiste est plus pragmatique qu’idéologique. J’ai lu ici et là, qu’au fond, il cherche à se camper au centre et à contenter tout le monde. Mais c’est inexact. Après l’épisode de l’annulation des dossiers d’immigration, le projet de loi sur les habits religieux et le projet de loi sur l’industrie du taxi, les cibles choisies par la CAQ depuis le début de son mandat révèlent bel et bien des positions idéologiques. Elles sont maintenant claires. Et franchement inquiétantes.

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