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C’est la faute de la gauche

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Une conférence du chroniqueur Mathieu Bock-Côté à la librairie Le Port de tête a été annulé suite à ce qui a été décrit comme de l’agitation et des menaces sur les réseaux sociaux. Sans débattre de l’annulation elle-même, on peut se surprendre de certains commentaires récurrents jetant l’opprobre sur « la gauche » (large catégorie!), notamment en soutenant qu’elle contribue à conforter et même radicaliser « la droite ».

Comme si cette droite s’ajustait selon le bon comportement de « la gauche ». Ou comme si elle fait preuve de modération si on ne la provoque pas… Les courants de droites sont pourtant actifs, organisés et « crinqués » depuis belle lurette, bien avant qu’on soit plongé dans les débats sur la liberté d’expression et le politically correct. Et maintenant leurs discours sont tellement décomplexés que même l’extrême-droite arrive à envoyer de plus en plus de députés dans les parlements du monde.

C’est probablement ça qui inquiète bien des gens : cette banalité avec laquelle des discours hostiles ou haineux trouvent place partout. L’écrivain et chercheur Albert Memmi disait que les mots peuvent être des bombes à retardement, qui précèdent et façonnent les actions.

Alors peut-être que là où certains voient une simple confrontation d’idées, d’autres voient une potentielle multiplication de tensions et de violences ciblant des groupes marginalisés.

Comment pourrait-on prendre en considération cette inquiétude? Je ne pense pas que la solution idéale réside dans l’annulation systématique des évènements où les invités ont des discours de droite. Surtout si c’est parce qu’on juge que la sécurité des gens est compromise. Mais on gagnerait également à éviter la caricature dépeignant en censeurs ceux qui pensent qu’il est dangereux d’offrir plus d’espace aux idées de droite et d’extrême-droite.

D’autant plus qu’elles sont déjà omniprésentes dans la société, et que ceux qui les véhiculent bénéficient de tribunes et de pouvoir. La société ne semble pas s’en porter mieux… Ce n’est pas un détail insignifiant.

Dans le climat actuel, il y a là un réel enjeu politique. Et il me semble que ce n’est pas tout à fait rigoureux de tenir responsable « la gauche » pour la détérioration du climat social quand, ultimement, ce qu’elle vise, c’est précisément le contraire.

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