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Intégristes

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Je m’étonne toujours de la facilité avec laquelle on peut user de qualificatifs calomnieux pour parler des femmes musulmanes qui portent un voile. C’est ce que Djemila Benhabib a fait lors des consultations sur le projet de loi 21, quand elle a qualifié d’intégristes les femmes qui refusent d’enlever leur voile pour travailler.

Elle n’est pas la seule. Au fil des ans, divers intervenant-es ont semé dans l’espace public des termes péjoratifs à l’égard des musulman-es. « Intégriste » en est un parmi d’autres tels qu’islamiste ou fondamentaliste.

Ces mots sont fortement connotés. Et dans un contexte où il existe une méfiance exacerbée à l’égard des musulman-es, il y a des conséquences concrètes à associer une personne à l’intégrisme religieux. Il ne peut qu’en résulter plus de discriminations et plus de haine.

Il m’est venu à l’esprit plusieurs femmes que je côtoie qui subiront les impacts du projet de loi, et qui, au sein même de l’Assemblée nationale, sont décrites comme étant intégristes. Il suffirait pourtant de passer cinq minutes avec elles pour voir qu’il n’en est rien. Elles sont comme tout le monde.

Elles ont des expériences de vies variées et des cultures multiples. Certaines ont une pratique religieuse plus soutenue, d’autres moins. Certaines sont plus spirituelles, d’autres moins. Comme tout le monde, elles mènent des vies dans lesquelles elles cherchent du sens et tentent de bricoler un univers qui se tient. Comme tout le monde.

Et elles ont aussi un quotidien qui pourrait être celui de n’importe quelle québécoise : elles font des études, des jobs d’été, des arts martiaux, des voyages en Gaspésie ou à Cuba, déjeunent chez Cora, regardent fidèlement Game of Thrones

Les taxer d’intégristes est totalement abusif. Ce raccourci nie la complexité, la pluralité, l’intelligence, la sensibilité, de femmes qui tiennent à leur voile, et qui tiennent aussi à leur travail.

Quand on parle du voile, on dit souvent à celles qui le porte que le sujet dépasse les individus et les choix personnels. Mais dans le genre de discours que nous a servi Mme Benhabib, c’est pourtant à des individus qu’on s’en prend. À des femmes qui en ce moment vivent déjà l’angoisse de ne pas savoir si elles pourront pratiquer leur métier.

En tout cas, on peut bien les affubler de toutes les épithètes possibles, mais partout où l’on fait une fixation sur leurs corps et qu’on tente sans cesse de resserrer l’étau, elles restent surtout des femmes debout.

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