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Le moins pire système

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Cette fin de semaine, je me suis rendu à La Grande Transition, un évènement organisé à Montréal par des universitaires engagés. La mission est claire : réfléchir et débattre des façons de changer le système capitaliste. Après une première édition couronnée de succès en 2018, La Grande Transition s’impose déjà comme l’un des forums de premier plan pour les progressistes d’Amérique du Nord.

« Sortir du capitalisme ». Une telle proposition en fait rire plus d’un. Les gens qui réfléchissent au post-capitalisme sont facilement dépeints comme des pelleteux de nuages. Pourtant, les panélistes qui se sont succédés en fin de semaine, présentaient des contenus des plus rigoureux.

Rien de frivole dans le fait de vouloir des sociétés égalitaires et épanouissantes.

Quelques jours avant, le premier ministre François Legault a pour sa part tenter de voler au secours du capitalisme. Il affirmait à l’Assemblée nationale que, jusqu’à preuve du contraire, « c’est le moins pire système ».

Ah bon?

C’est incompréhensible qu’on continue de répéter ce genre de choses, comme pour se persuader qu’il faut se contenter d’un système dysfonctionnel.

Il n’y a qu’à voir l’état de la planète, dont les écosystèmes dépérissent précisément à cause de la surcharge que lui impose le capitalisme. C’est ce système qui provoque le réchauffement climatique. Cette réalité à elle seule devrait suffire à convaincre que ce n’est plus tenable.

Il est également étrange que dans ce moins pire des systèmes, on assiste à un réel fléau de burnout et de dépressions. Nos sociétés rompues à la quête insatiable de rentabilité y sont pour quelque chose. Le capitalisme échoue à créer du bonheur et du sens. Alors qu’il nous promettait prospérité et loisirs, il nous a plutôt offert précarité et endettement.

Il est urgent de briser cette illusion du « moins pire système ». Le prix qu’on paye est trop élevé. Et les catastrophes qui pointent à l’horizon ne deviennent que trop évidentes.

Heureusement alors qu’il y a des gens qui s’attèlent à réfléchir une autre organisation de la société.

Certains passent directement à l’action. Une inspiration locale et à petite échelle est le Bâtiment 7, un centre autogéré par des groupes communautaires à Pointe-Saint-Charles. Désireux de ne pas voir leur milieu de vie envahi par les promoteurs immobiliers et les constructeurs de condos, les habitants du quartier ont lutté durant plus d’une décennie pour acquérir des terrains abandonnés et y construire un fabuleux bâtiment où plusieurs services sont offerts à la communauté. À La Grande Transition, l’une de ces pionnières, Judith Cayer, a relaté les multiples épreuves traversées, mais aussi les victoires. Ça montre qu’il est possible de tester des idées audacieuses et s’en inspirer à plus grande échelle.

Pour beaucoup, il semblera inutile de se battre. C’est David contre Goliath. Mais les partis politiques et les mouvements critiques du capitalisme fleurissent ou reprennent de la vigueur un peu partout dans le monde.

Et même si leurs adversaires eux aussi se multiplient et s’endurcissent, retenons que l’histoire peut offrir des retournements inattendus.

Au stade où l’on en est, ça vaut la peine d’essayer autre chose.

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