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Déni à l’os

maladie mort

«There is not a racist bone in my body!»

C’est ce que Trump répondait sur Twitter à ceux qui dénonçaient ses propos visant quatre élues démocrates. Quelques jours plus tôt, il avait servi à ces dernières un dérivé du bon vieux classique «Retourne dans ton pays».

Ce genre de déni est une chose récurrente lorsque le racisme d’une parole ou d’un comportement est nommé comme tel. Malgré les aléas du phénomène qu’est le racisme, en fonction des périodes d’accalmie ou de résurgence, il continue d’avoir généralement mauvaise presse, alors la plupart des gens ne veulent pas de ce qualificatif.

Mais ces lignes de défense s’expliquent aussi par une compréhension extrêmement restrictive de ce qu’est le racisme.

En effet, le mot «racisme» évoque dans l’imaginaire quelque chose de grossier: «l’image d’un rustaud recrachant son jus de tabac», pour reprendre l’expression de l’écrivain américain Ta-Nehisi Coates. Au Québec, de façon similaire, beaucoup s’imaginent que le racisme c’est le lot de quelques balourds qui crient des insultes de leur balcon. Autrement dit, le racisme serait en cause lorsqu’on affirme explicitement que certaines «races» sont biologiquement inférieures ou alors qu’on fait preuve de méchanceté volontaire. Ce sera la faute de l’ignorance, de la peur, de l’intolérance, mais pas du racisme.

Rappelez-vous comment des politiciens d’ici étaient scandalisés quand des groupes demandaient une commission sur le racisme systémique. Certains affirmaient que c’était une façon de faire le procès des Québécois, alors qu’il s’agissait d’analyser les mécanismes qui produisent des inégalités, et non pas d’évaluer si les individus sont gentils ou méchants.

Pour Ta-Nehisi Coates, cette incompréhension du concept de racisme – ou parfois ce désintérêt volontaire – fait que l’on devient politiquement obsédé par l’idée «d’absolution individuelle». C’est-à-dire qu’il devient plus important de rassurer les gens sur le fait qu’ils ne sont pas racistes plutôt que de parler du racisme même et des solutions collectives nécessaires pour palier au problème.

En outre, face aux déclarations irresponsables du président américain, plusieurs ont également souligné qu’il était absurde de passer autant de temps à se demander si son propos était bel et bien raciste, au lieu de s’attarder aux conséquences d’une telle déclaration par un chef d’État. L’augmentation des crimes haineux durant le premier mandat du président Trump est désormais bien documentée. Son attitude, son discours et ses politiques légitiment les comportements haineux.

C’est ce qui est réellement préoccupant, et il y a plus à craindre que des mots.

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