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Payantes, les sciences humaines?

Photo: Métro

Beaucoup de jeunes craignent de s’inscrire dans un programme universitaire en sciences humaines ou sociales, car leurs perspectives d’emploi seraient mauvaises! Ont-ils raison?

Nombreux sont ceux qui nous disent que les sciences humaines et sociales mènent au chômage et au sous-emploi et qu’il vaut mieux poursuivre des études dans des domaines plus pratiques. Néanmoins, de temps à autre, d’autres voix s’élèvent pour défendre la pertinence de ces études.

Par exemple, dans un récent article paru dans la section Conseils de Jobboom, Jean-Frédéric Légaré-Tremblay écrit que les études en sciences humaines (l’histoire, les lettres, la philosophie) peuvent s’avérer très payan­tes. Il cite les résultats d’une recherche menée à l’Université York grâce à des données de Statistique Canada, qui montrerait que les diplômés de ces programmes sont en fait mieux payés, en milieu de carrière, que leurs collègues issus des facultés de commerce, par exemple. Leur salaire pourrait atteindre 78 000$ par année.

Que faut-il en penser? Est-il possible que les sciences humaines soient en fait une option intéressante pour intégrer le marché du travail? Il faut noter que l’étude citée ne porte pas sur les diplômés récents, mais sur tous les diplômés des sciences humaines et sociales, d’âge divers et à divers moments de leurs carrières. Or, comme nous vivons dans un marché de l’emploi en pleine évolution, c’est à l’expérience des jeunes diplômés qu’il faut s’attarder. Ils sont beaucoup plus sensibles aux fluctuations du marché que les travailleurs plus âgés, mieux installés et plus expérimentés.

Or, deux récentes études nous rappellent encore une fois que, pour les diplômés récents en sciences humaines, l’entrée sur le marché du travail est difficile. Selon une étude spéciale de Statistique Canada, un pourcentage important d’entre eux, soit 32,5%, occupent des emplois qui n’exigent que des études de niveau secondaire, limitant nettement leur potentiel de rémunération. Une autre étude portant sur l’emploi en 2013 des sortants des universités ontariennes de 2007 montre que ce sont ces mêmes diplômés qui présentent les salaires médians les plus faibles (inférieurs de 25% aux salaires médians de tous ces sortants).

De plus, l’étude citée par M. Légaré-Tremblay ne concerne que les salariés. Il est certainement possible qu’un diplômé en sciences humaines, s’il est salarié, bénéficie d’une excellente rémunération. Mais encore faut-il qu’il soit salarié plutôt que contractuel, surnuméraire ou encore travailleur autonome, des statuts d’emploi qui affectent négativement le niveau de rémunération et sont souvent le lot des plus jeunes.

Il est toujours possible de terminer des études en sciences humaines et sociales et de trouver un bon emploi. Néanmoins, pour y parvenir, une planification serrée et une bonne expérience de travail en plus des études sont nécessaires. Malheureusement, trop d’étudiants de ces disciplines n’ont pas de plan d’action et se contentent d’espérer une solution miracle. Ce sont surtout eux qui risquent de se retrouver à occuper des emplois qui les décevront.

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