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Un emploi sur trois ne demande pas de formation

Man Working On Desktop Computer. Photo: Métro

Si les jeunes occupent des emplois pour lesquels ils sont sur-scolarisés, c’est parce que ce sont là les emplois qui leur sont disponibles.

Les jeunes diplômés et les chercheurs d’emploi se plaignent parfois qu’il leur est difficile de dénicher un emploi qui correspond à leurs compétences ou à leurs études. Il semble que cette difficulté ne soit pas imaginaire.

Selon la dernière enquête de Statistique Canada sur les postes vacants, il y avait environ 437 000 postes vacants au Canada entre mai et août de cette année. C’est environ 2,8 % de tous les emplois. Or, environ un poste offert sur trois n’exigeait pas de formation autre qu’un apprentissage en cours d’emploi.

Plus spécifiquement, il s’agissait de postes de commis de la vente au détail, de caissiers, de nettoyeurs, de serveurs au comptoir et de représentants au service à la clientèle. Plus précisément, parmi les 10 catégories d’emplois où on trouve le plus de postes disponibles, une seule catégorie exige une formation collégiale ou universitaire, soit celle des professionnels de l’informatique. Notons que les postes n’exigeant qu’une formation en cours d’emploi sont mal rémunérés, soit moins de 30 000 $ par année le plus souvent.

Une autre étude menée par Wanted Technologies arrive à la même conclusion. Cette firme a examiné un grand nombre de services d’affichage d’offres d’emploi et de recrutement en ligne, afin de découvrir les postes les plus communément recherchés par les employeurs. La liste des postes identifiés est la même que celle résultant de l’enquête de Statistique Canada. On en trouve cependant d’autres, tels que les gérants de la vente au détail et les représentants des ventes, mais il s’agit encore une fois d’occupations qui ne demandent pas nécessairement une formation avancée.

Ces résultats surprenants conduisent à des réflexions douloureuses. Ils permettent en effet de constater que si le nombre de diplômés augmente, le nombre d’emplois qui nécessitent un diplôme, quant à lui, n’augmente pas nécessairement de la même façon. Voilà pourquoi environ 40 % des diplômés universitaires occupent des emplois pour lesquels ils sont sur-scolarisés (voir ma chronique du 18 novembre). Un emploi sur trois qui leur sont offerts ne demande pas de qualification particulière. Formons-nous donc trop de jeunes?

Ces emplois peu qualifiés étaient auparavant occupés par des jeunes peu scolarisés. Aujourd’hui, ces derniers doivent affronter la compétition d’un nombre croissant de diplômés pour ces emplois. Ces jeunes peu scolarisés affrontaient déjà des difficultés d’insertion, mais voilà qu’ils risquent aujourd’hui d’être exclus du marché.

Bien sûr, la plupart des autres emplois vacants demandent d’avoir complété des études collégiales ou universitaires, souvent dans des domaines très précis. D’ailleurs, la situation que je viens de décrire coexiste avec un manque chronique de diplômés pour certains emplois. Il est donc important pour les jeunes de choisir une formation qualifiante, qui prépare à un emploi bien identifié et facilitera ainsi leur insertion.

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