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Profession: banquier des changements climatiques

Bourses: un virus et les « esprits animaux »
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«Comme l’âge de pierre n’a pas pris fin parce que nous avons manqué de pierres; nous pouvons dire que l’âge des hydrocarbures est déjà terminé.» Ces propos ne viennent pas d’une banderole d’Extinction Rebellion lors d’une manifestation contre les changements climatiques, mais de German Gref, grand patron de la plus importante banque russe, la Sberbank.

C’était en 2016, lors d’une conférence économique à Moscou. Cet ex-ministre du Développement économique de la Russie annonçait la fin de l’ère des hydrocarbures, ressources qui représentent environ 30% de l’économie du pays et 60% de ses exportations.

En fait, German Gref déplorait l’incapacité de la Russie à investir dans d’autres secteurs exposant ainsi l’économie nationale aux bouleversements annoncés dans un contexte de lutte contre les changements climatiques.

Depuis, la Sberbank a réduit ses actifs dans les hydrocarbures. Et elle n’est pas la seule. Le désinvestissement dans les combustibles fossiles augmente à une rapidité qu’il aurait été difficile d’anticiper il y a dix ans à peine.

Aujourd’hui, plus de 1000 institutions détenant plus de 11 000 milliards de dollars américains d’actifs sous gestion se sont engagées à se départir d’actifs dans les secteurs du charbon, du pétrole et du gaz naturel.

Conscience environnementale? Peut-être. Mais pas uniquement. Elles craignent surtout de voir la valeur de leurs actifs plonger.

Car la transition énergétique coûtera cher. Pour limiter la hausse des températures à 1,5%, c’est environ 80% des réserves estimées de combustibles fossiles qui devront rester dans le sol, soit le tiers de la valeur des grandes pétrolières (900G$) selon les estimations du Financial Times.

En fait, la question n’est plus de savoir si ces actifs perdront de la valeur, mais quand.

Des banques qui s’enlisent dans le bitume

En marge de cette tendance: les cinq grandes banques canadiennes. Ces piliers de notre système financier ont injecté des centaines de milliards de dollars dans les hydrocarbures entre 2016 et 2018, dont plus de 45 milliards dans des projets liés aux sables bitumineux, selon un rapport étoffé d’organisations comme BankTrack et le Sierra Club.

Or, investir dans le pétrole des sables bitumineux, c’est miser sur la mule dans une course hippique. Ce n’est pas dit que vous perdrez votre mise, mais les probabilités jouent contre vous. Dix-huit entreprises du secteur ont fait faillite depuis 2015; de grandes pétrolières comme Shell, Total et ConocoPhillips ont retiré leurs billes du secteur.

Cette semaine, c’était au tour de Teck Resources d’abandonner Frontier, ce mégaprojet d’exploitation pétrolière dans le nord de l’Alberta. L’entreprise de Vancouver, dont la valeur a chuté de 40% depuis le début de l’année, est en partie financée par la RBC, la BMO, la TD et la CIBC.

Certes, il faut désinvestir pour des raisons environnementales évidentes, mais également pour des raisons financières. «Skate to where the puck is going, not where it has been», disait Gretzky à l’époque les Oilers d’Edmonton. Et force est de constater que la rondelle glisse maintenant vers les énergies renouvelables.

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