Le Sahel crie famine
Sécheresse, mauvaises récoltes, conflits locaux,…ce scénario sinistre se déroule en ce moment même dans la région du Sahel. Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad font face à une crise alimentaire que les ONG pensent encore pourvoir résorber avant qu’elle ne devienne catastrophe humanitaire… Avant que ne se répète la tragédie funeste de l’été dernier dans la Corne de l’Afrique.
Mais les premiers signes d’urgence sont déjà allumés.
En Mauritanie, « nous avons vu des femmes contraintes de rechercher des graines de céréales dans les fourmilières pour survivre », a déclaré à la presse Steve Cockburn, le responsable régional à Oxfam. Entre 15 et 23 millions de personnes pourraient ainsi être touchées par la crise alimentaire selon les associations sur place et l’ONU. Le taux de malnutrition sévère des enfants dépasse les 15 % dans certaines régions.
Action contre la faim, Oxfam, Save the Children et World Vision ont mobilisé « moins du tiers de leurs besoins de financement pour les prochains mois », soit 52 millions de dollars sur près de 250 millions nécessaires. Les ONG ont lancé un cri d’alarme le 23 avril dernier. Du côté des Nations-Unies, l’inquiétude commence à se faire sentir. « Jusqu’à présent, les organisations d’aide humanitaire n’ont pas bénéficié d’un accès satisfaisant à ces zones… Il est difficile de mettre cette crise en avant, beaucoup de personnes l’ont oubliée », a déclaré Helen Caux, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) en Afrique occidentale.
La sécheresse et la crise alimentaire s’invitent régulièrement au Sahel, ce qui malheureusement contribue à sa banalisation. 2004, 2005, 2009 ont été des années rouges, mais selon les experts, 2012 est bien pire du fait de facteurs aggravants à la sécheresse qui a poussé par exemple de nombreux agriculteurs à vendre leurs bêtes à bas prix et perdent leur outil de travail pour les années à venir.
Aussi le conflit dans le Nord Mali qui a fait fuir des milliers de réfugiés et créer des déplacements de populations massifs vers le Sud. Les Maliens ont en effet commencé à fuir le nord du pays en janvier, lorsque les combats ont repris entre l’armée malienne et les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad. Et depuis le coup d’état du 22 mars, les réfugiés affluent dans les pays voisins. Le HCR coordonne la situation au Burkina Faso, au Niger et en Mauritanie. Selon ses indications, quelque 113 000 Maliens ont trouvé refuge dans ses pays. Le Mali est ainsi confronté à la pire crise humanitaire de ces vingt dernières années.
Selon Oxfam, c’est aujourd’hui qu’il faut agir pour enrayer cette crise alimentaire. « En situation d’urgence, 100 dollars peuvent sauver une ou deux personnes. Aujourd’hui, ils en sauvent cinquante. »
(Vous pouvez aussi lire ici le témoignage sur place, au Niger, de l’académicien Érik Orsenna Alerte dans tout le Sahel)