Gariquoi?

Tuerie à l'Université de Garissa
Tuerie à l'Université de Garissa Photo: Stringer

Garissa.

Du nom de l’Université kényane qui a connu l’horreur absolue il y a quelques jours.

148 morts tués, lâchement encore, par le terrorisme. Le même terrorisme aveugle qui a surgi dans les locaux du journal satirique Charlie Hebdo et de la supérette Hyper Casher en France.

Pourtant, pas de mobilisation internationale ce weekend. Je ne sais pas, je suis peut-être trop naïve, je me dis un long weekend pascal, ça aurait pu être l’occasion idéale pour rendre hommage aux étudiants massacrés, la plupart sacrifiés parce qu’ils étaient chrétiens. Évidemment leurs bourreaux qui se réclament de l’Islam choisissent clairement de nous faire croire que tout cela est lié à la religion. Et certains y adhèrent, laissant ainsi la propagande extrémiste se répandre sournoisement et propager une vision manichéenne et réductrice du monde pleine d’amalgames.

Je ne suis pas adepte des comparaisons macabres mais là il faut bien dire que c’est flagrant. La mobilisation internationale choisit ses causes en fonction de la nationalité des victimes et du lieu des drames. La responsabilité des médias n’est pas à exclure. Quand la plus grande chaîne américaine, CNN, nous parle du massacre et place sur une carte la Tanzanie en Ouganda, il y a, à mon sens, un énorme problème. Comment en vouloir au citoyen lambda, quand les chaines d’infos négligent autant les réalités africaines.

Beaucoup évoquent bien-sûr la fameuse loi honteuse du mort au kilomètre ou loi de proximité, loi reine dans les rédactions. J’en suis témoin, on vous apprend ça très tôt dans les écoles de journalisme. Un événement sera placé en haut de la hiérarchie de l’information lorsqu’il se passe proche du lecteur et/ou téléspectateur. Et donc, plus l’événement et les victimes sont éloignés, moins ils susciteront d’empathie, donc mes chers jeunes journalistes en herbe, on en parlera si on a de la place. On ne peut que qualifier d’absurde une telle loi aujourd’hui, à l’heure des réseaux sociaux. La preuve, des milliers de citoyens du monde ont signifié leur hommage à travers Twitter et Facebook à l’aide du mot-clé #JesuisKenyan.

Je pourrai continuer de blâmer aussi les Obama, Hollande, Harper, Merkel de ce monde qui choisissent les causes en fonction de leur stratégie géopolitique. Mais les chefs d’État africains sont loin d’être un exemple. Certains ont fait le voyage à Paris, le 11 janvier dernier, pour dénoncer le terrorisme et afficher leur solidarité avec le peuple français….

Aucun d’entre eux ne s’est déplacé à Garissa, sur leurs propres terres africaines, pour soutenir le peuple kényan.

Oui, on se souvient de la mobilisation solidaire du 11 janvier. Et vous vos souvenez surement de là où vous étiez, que ce soit dans la rue ou regardant les directs à la télévision des mobilisations gigantesques à travers le monde.

Mais qui se souviendra de la tuerie du 2 avril?

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