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Du discrédit des institutions

L’État de droit se trouve, depuis un certain temps déjà, sur une sacrée pente glissante. Celle sur laquelle tout débute. On pense, à tort, que le Québec ou l’ensemble du Canada sont, du fait de leur longue tradition, immunisés contre ce genre de glissements. Cela, en plus d’être fort prétentieux et malhonnête (nos histoires regorgent de dérapages majeurs – pensons seulement aux affaires Coffin, Khadr, Roncarelli et au traitement ignoble réservé aux Autochtones et à maints Canadiens d’origine asiatique), fait fi d’exemples récents à l’international.  Quelqu’un s’est intéressé à la Turquie, récemment? Et le Muslim Ban américain, lui?

En bref, l’État de droit est précieux. C’est ce qui démarque les vraies démocraties des démocraties bidon. J’exagère? Ok. Nommez-moi alors une démocratie sérieuse non fondée sur un État de droit… Voilà.

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Un des principes fondamentaux de l’État de droit réside dans la séparation des pouvoirs, soit, principalement, la capacité pour le pouvoir judiciaire de surveiller les deux autres pouvoirs: l’exécutif (gouvernement) et le législatif (l’Assemblée nationale, par exemple). On s’attend ainsi à ce que ce même pouvoir judiciaire soit indépendant et fasse un boulot impeccable, du moins côté impartialité. Au début du processus judiciaire se trouve l’enquête policière et, par la suite, la décision de la Couronne de porter, ou non, des accusations. Ici encore, on s’attend à ce que le processus soit impartial et indépendant.

Or, on assiste depuis quelque temps à une fort dangereuse mouvance : celle de court-circuiter les processus en question en s’adressant aux médias. Il suffit, par exemple, de dénoncer telle affaire non encore réglée par la justice. Évidemment, l’effet est autant instantané que percutant. Plus rapide que le processus traditionnel, et le tort causé à la partie en cause est immédiat. On l’a vu, tout récemment encore, dans l’affaire Charest-Bibeau où, ironiquement, personne n’est en mesure de dire en quoi et pourquoi ces derniers seraient éventuellement accusés.

En bref, au diable le système judiciaire. Allons-y plutôt pour le coup d’éclat médiatique. L’État de droit ramassera, plus tard, les pots cassés…

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La semaine dernière, le président de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur, balançait aux médias qu’en 2012, deux élus libéraux auraient échappé à une enquête criminelle, et ce, pour des motifs non expliqués. Une enquête sur les allégations de M. Francoeur a été confiée par le gouvernement à la Sûreté du Québec. On verra bien.
Une petite remarque d’importance, cela dit: six jours après son coup de théâtre, M. Francoeur n’avait toujours pas communiqué avec le DPCP pour lui offrir son témoignage, lui transmettre les informations requises. Pourquoi ce silence, en fait? N’est-ce pas cette même institution, et non le média, qui aurait dû en être informée en premier lieu? L’affaire se serait produite, rappelons-le, il y a cinq ans. Ça laisse le temps pour un coup de fil, me semble.

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