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La victimisation du raciste

Les mots, en politique comme ailleurs, ont un sens. Un poids. Une valeur. Une conséquence.

Il est monnaie courante d’entendre, à même le débat public, les complaintes de ceux et celles qui s’indignent de se faire affubler, entre autres choses, des étiquettes de «raciste» et de «xénophobes».

Juste à voir la page du regroupement politique de Rambo Gauthier, où on refuse d’emblée l’utilisation de ces termes au nom prétendu de la liberté d’expression.
Juste à remarquer la crise d’épilepsie collective que semble provoquer actuellement la Commission sur la discrimination systémique et le racisme. Certains, plus bruyants, vont même jusqu’à fallacieusement accuser Philippe Couillard de «vouloir faire le procès des Québécois».

N’importe quoi. Au risque de se répéter, même si ces Québécois ne sont évidemment pas racistes dans leur ensemble, cela ne peut empêcher que certains le soient (à moins, bien sûr, de croire que nous sommes l’unique endroit du monde exempt de cette plaie d’Égypte).

Ironiquement d’ailleurs, ceux qui dénoncent avec le plus de véhémence la tenue de ladite commission sont d’ordinaire ceux qui, par leurs propos ou leurs chroniques, frôlent ce qui est justement discuté.

Facile, remarquez bien, de comprendre la propension à rejetter les étiquettes en question. Être raciste ou encore xénophobe peut, du fait d’une certaine histoire, s’avérer lourd de sens.

Le rejet de ces concepts pourtant étayés fait toutefois sourciller, et ce, à deux niveaux.

D’abord, les arroseurs sont devenus maîtres dans l’art de se faire passer pour victimes. Rien de pire, aujourd’hui, que de traiter quelqu’un de raciste. Le crime ultime. Et celui qui aura osé prononcer ces paroles, faits à l’appui, se verra honni ou, à tout le moins, houspillé. C’est ainsi que le dénonciateur subira les foudres de l’opprobre populaire. Et le raciste, lui? Rien. Et la réelle victime du racisme? Aux oubliettes. Elle n’existe pas. Parce qu’au Québec, le racisme n’existe tout simplement pas. Qu’on se le tienne pour dit.

Un exemple de ce qui précède? Vous vous souvenez du président du Centre culturel islamique de Québec qui a vu sa voiture incendiée? La conclusion des corps policiers? Crime haineux. Dans le sens d’acte raciste. Vous vous souvenez maintenant de la réaction de Rambo Gauthier, subtil néo-acteur politique du Québec moderne? La voici, en mille : «Isabelle Richer qui parle d’un attentât [sic] ou acte terroriste!!! TBK!! Si ça s’trouve c’est peut-être lui qui l’a, ou fait flambée [sic]!! Méchant québécois “RACISTE”. N’importe quoi au nom du sensationnalisme!» Joli, non? Et qui, de la classe politico-médiatique, a dénoncé le Rambo en question, au fait? C’est ça.

Deuxièmement, le talent de ces mêmes «victimes» pour affubler leurs adversaires des quolibets empreints de mépris, histoire de les évincer du débat public, et pour faire, en bref, exactement ce qu’elles dénoncent elles-mêmes. Des exemples? Facile :«idiots utiles», «antiracistes radicaux», «fédérastes», «islamo-gauchises» ou, encore, le très dévastateur «multiculturaliste» (lui, il fait mal en diable).

Morale de l’histoire? Il est temps de redonner un sens aux mots. De recentrer le débat. D’éviter la distorsion terminologique. De refuser, ô candeur, les opérations d’autovictimisation à la sauce agresseur.

F_Berard@twitter

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