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Manque de pot

Photo: TC Media/Archives

D’aucuns, moi le premier, critiquent le gouvernement Trudeau pour sa propension à privilégier la forme au détriment du fond. L’obsession de l’image comme priorité gouvernementale.

L’égoportrait comme politique publique. Le contenu? Bah. Juste du trouble. À proscrire.
Sympathique et progressiste sur le plan des symboles, le PLC tarde à agir sur le plan de la substance. Il se passe quoi, au fait, à Ottawa? Un seul gros truc, pratiquement: la légalisation de la mari. Méga-promesse électorale. Une bonne chose? À titre personnel, je dirais oui. Mais encore faut-il procéder avec prudence et diligence, vu l’ampleur de l’opération. Parce que si Ottawa se réserve la belle part de l’affaire, reste que les enjeux, eux, se retrouvent bel et bien dans la cour des provinces.

Quid de l’impact de la légalisation sur la santé? Une compétence provinciale? Combien de ressources supplémentaires à embaucher? Assez inique que les revenus soient partagés également, alors que seules les provinces auront, sur le plan des dépenses, à casquer. Comique, d’ailleurs, de lire dans le projet de loi fédérale qu’on entend investir une part des surplus dans des études scientifiques visant à faire la lumière sur les méfaits du cannabis. Euh…Ne vaut-il pas mieux procéder à ces études avant, et non après, l’adoption de la loi?

Et qu’en sera-t-il des points de vente? En fait, si Québec compte sur la SAQ à cet égard, pas clair que chaque province optera pour une solution identique, certaines pouvant être tentées par les sirènes du privé.

Et n’est-il pas indéniable que l’âge requis puisse avoir un quelconque effet sur les relations interprovinciales, surtout dans les lieux limitrophes? Quoi faire, par exemple, s’il est légalement plus aisé de se procurer le truc à Gatineau qu’à Ottawa?

Autre affaire d’importance : les institutions provinciales nécessairement aux premières loges de cette nouvelle réalité. Pensons aux établissements scolaires (allô, le cégep) et aux hôpitaux, entre autres. Comment devront-elles gérer la fumette? Et les entreprises privées? Le projet de loi québécois interdit précisément la consommation sur les lieux de travail, mais que faire si Jean-Guy, nostalgique, se rappelle de bons souvenirs à l’extérieur du building? Appliquera-t-on alors les mêmes normes que celles relatives à l’alcool? Possible. Mais faudra prévoir.

Dernière chose : la contradiction patente entre l’approche fédérale et québécoise, côté possession. Alors qu’Ottawa prévoit une limite de quatre plants par domicile (maximum un mètre chacun, avis aux mégalomanes), Québec interdit entièrement toute possession.

À Tout le monde en parle, la ministre Charlebois, maternelle, justifiait sa décision de la manière suivante : «Si chez nous, je fais pas pousser de cannabis, mais que mon voisin en fait pousser. Mes petits-enfants, j’en ai huit, qui viennent la fin de semaine, tout à coup, ils traversent. La plus vieille de six ans va de l’autre côté et par inadvertance s’enfarge là-dedans et en consomme un peu en mangeant je sais pas quoi.»*

Morale de l’histoire? Que l’idéal serait de prendre une bonne respiration (sans jeu de mots) et de réfléchir (et de se relaxer) un brin. Parce qu’à part pour les visées manifestement électoralistes du gouvernement Trudeau, il n’y a pas de feu (toujours sans jeu de mots).

* Suis pas expert, mais si tu prends une croquée de plant de pot, possible que le «je sais pas quoi» soit du… pot. À vérifier.

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