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Le «cupping»: quand des athlètes olympiques (et les médias) font la promotion de la pseudoscience

Beaucoup d’internautes se sont demandé pourquoi le nageur américain Michael Phelps arborait de gros cercles rouges sur sa peau lors de sa victoire au 4 x 100m à relais dimanche aux JO de Rio. Le quotidien britannique The Guardian rapportait d’ailleurs que les recherches Google pour «cercles sur le dos de Micheal Phelps» avaient bondi de 2100% dimanche, dépassant même les recherches pour «médailles olympiques». Sérieux.

Surprise! M. Phelps s’adonne au «cupping», une forme de médecine traditionnelle:

Plusieurs médias ont donc invité leur lecteurs à «découvrir» le cupping. Si un champion comme Phelps utilise ce traitement, c’est que ça doit être bon, non?

Le cupping utilise une succion pour tirer la peau, dans le but d’aligner des canaux d’énergie (qui n’existent pas). Certains affirment que le traitement aide à détoxifier le corps (même si on n’a pas besoin de détoxifier le corps quand on a un foie qui fonctionne).

À cause de la succion, les capillaires sous la peau se rompent, d’où les gros cercles rouges sur la peau qui donnent l’impression qu’on a eu une chaude session sur la banquette arrière avec une pieuvre.

Comme le mentionnent plusieurs médias, le cupping existe depuis au moins 3000 ans. On le pratique beaucoup en Asie, mais certaines civilisations anciennes, comme l’Égypte et la Grèce antique, de même que des peuples autochtones de l’Amérique, l’utilisaient.

Oui, vous savez, toutes des civilisations qui avaient un niveau de connaissances médicales comparables aux nôtres [bouton sarcasme]. À titre d’exemple, les Grecs croyaient que toutes les maladies étaient causées par le débalancement de quatre humeurs.

Mais bon, est-ce que ça marche?

En gros, non. Une étude systématique qui a examiné les résultats de 135 études cliniques sur le cupping n’a trouvé que de faibles indications que le traitement fonctionne pour certaines conditions, dont le zona et l’acné (aucune mention de douleurs musculaires ou de relaxation post-médaille d’or). Pire, les chercheurs ont déterminé que 85% des études comportaient un «haut risque» d’être biaisées. Les chercheurs recommandent de mener des études plus sérieuses sur le phénomène.

Et c’est à peu près tout.

La plupart des articles affirment que le cupping a au moins le mérite de ne pas être dangereux. Ah bon? Que pensez-vous de ça?

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AHHHHHH!

Ça, c’est le dos d’un Chinois du nom de Li Lin (nom fictif, pour protéger son identité), après avoir obtenu (subi?) des traitements de cupping à chaque jour, de la fin mai à la fin juin. Selon ce que rapporte le People’s Daily Online, M. Li n’a pas cessé ses traitements, même quand de grosses cloches d’eau sont apparues sur son dos. Il les a arrachées pour qu’il puisse continuer ses traitements. Ses plaies se sont infectées, et il s’est retrouvé à l’hôpital. Ark.

Comme le fait remarquer le chirurgien David Gorski sur le site Science Blogs, les blessures de M. Li ont l’aspect de brûlures au troisième degré. C’est sérieux, et c’est dangereux.

«Le cupping n’est rien de plus qu’un traitement antique basé sur une connaissance préscientifique du corps et des maladies, tout comme les saignées et les traitements basés sur les humeurs. Comme le cas de Li Lin le démontre, c’est risqué et ça n’a aucun bénéfice», écrit-il.

Il ajoute que les traitements de cupping sont souvent accompagnés d’un massage – traitement qui, lui, est reconnu par la communauté médicale. Voilà, selon lui, pourquoi plusieurs athlètes (et stars, dont la souvent très pseudoscientifique Gwyneth Paltrow) croient en son efficacité.

En somme, c’est un massage, avec en bonus de gros suçons dégueux partout sur le corps et un risque de blessure.

L’inspecteur ne sait pas pour vous, mais il passe son tour.

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