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Oui, on peut faire éclater un ballon avec une pelure d’orange (voici comment)

Photo: capture d'écran youtube

Voici une vidéo qui qui s’est retrouvée dans la section «insolite» de quelques médias la semaine dernière (2 000 000 écoutes):

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=Uhd3gIJn034&w=640&h=360]

Cool, non? Ça a l’air d’un petit truc amusant qu’on peut exécuter dans une fête pour faire rigoler (ou pleurer) les enfants.

C’est sûrement pourquoi la vidéo s’est retrouvée ici, ici, ici et ici (ad nauseum).

On explique qu’une substance présente dans la pelure d’orange, le limonène, dissout le plastique du ballon et le fait éclater. Dans la vidéo ci-haut, la réaction est presque instantanée et ça marche à tout coup.

Remarquez, par contre, qu’aucun de ces articles ne propose une vidéo différente, et tous reprennent le peu d’explications offertes par le créateur de la vidéo.
Aucun des auteurs n’a même tenté l’expérience.

L’inspecteur, lui, l’a fait. Voici ce que ça a donné:
[wpvideo NKC74lYG w=640]

Donc oui, ça marche, mais ce n’est pas si simple que ça! On peut en effet faire éclater un ballon avec une pelure d’orange, mais il faut quelques conditions très spécifiques. Ça ne marchera pas instantanément à chaque fois. La vidéaste de l’inspecteur, Josie Desmarais, peut en témoigner, étant donné le nombre de prises (et de ballons et d’oranges) qu’a nécessité la courte démonstration ci-haut.

En effet, l’inspecteur avait tenté l’expérience – deux fois! – sans réussir:
[wpvideo TyfUfd0E w=640]

Il s’apprêtait à y apposer sa fameuse estampe «FAUX» lorsqu’il a fait appel à Livain Breau, professeur et directeur du département de Chimie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

«Chimiquement, ça devrait marcher», a-t-il tranché.

Mince!

Une question de chimie

«Peut être ne l’avez-vous pas assez gonflé, votre ballon?» a-t-il suggéré à l’inspecteur (ce qui s’est avéré).

Le professeur Breau a ensuite expliqué ce qui arrive quand le ballon éclate.

«Le latex est formé de chaînes d’une petite molécule naturelle, l’isoprène. Lorsqu’il est polymérisé, ça donne le caoutchouc naturel. Ça donne des chaînes de carbone, qui contiennent des insaturations. Ces chaînes-là peuvent glisser les unes sur les autres. En principe, vous ne pourriez pas faire un ballon avec ça. Il faut le vulcaniser, a-t-il illustré, en rajoutant que cela crée de « petits ponts » de soufre qui empêchent les chaînes de caoutchouc de se séparer. Quand vous exposez ça au limonène ou à une huile organique, cette huile va se glisser entre les chaînes et leur permettre de bouger un peu plus. Et s’il y a un endroit du ballon où le latex est plus mince ou il y a une défaillance dans les ponts de soufre, les chaînes vont bouger et il va y avoir une microfissure, l’air va sortir et le ballon éclate.»

De plus, il faut utiliser un ballon «bon marché» et le gonfler le plus possible. «Plus vous le gonflez, plus vous étirez les chaînes à la limite, et donc la moindre défaillance à un endroit va le faire éclater», offre-t-il.

Aussi, toutes les oranges ne sont pas égales! Par exemple, dans une orange sanguine, on trouve 14% de limonène. Dans une orange de type «navel medium», c’est plutôt 3%. «Avec des oranges à jus, la pelure est très mince et vous avez beau pincer, le limonène ne sera pas expulsé», rajoute le professeur Breau.

Avis aux amoureux plus *ahem* aventuriers: Notre chimiste nous avertit que le même procédé chimique peut affecter le latex utilisé dans les condoms. Libre à votre imagination de déterminer ce qu’il ne faut pas faire.

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