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Seuls

Mes hommages. J’aime Noël. Du moins l’idée que j’en avais toute petite. L’idée qu’on m’a vendue, emmitouflée dans un one-piece lilas (petite casquette d’hiver assortie), en route pour la maison de mes grands-parents à Piedmont. Chaque Noël que j’y vivais était fantastique. Noël, c’était les petites boules de chocolat en aluminium dans le grand plat «métiers d’art» en sapin semi réussi de ma grand-mère, la neige qui tombe dans les grandes portes patio et Méo, l’ami étrange de la famille, qui se costumait chaque année en père Noël qui sent la O’Keefe et qui n’a qu’une seule bottine.

Doux souvenirs.

Hélas, cette vision, ce frétillement du cœur à l’approche de Noël n’est plus. La maison de Piedmont a été vendue, Méo a levé les pattes et on s’éloigne chacun dans nos vies. Chacune dans nos stress. Notre perception adulte de l’un et de l’autre. Nos déceptions. Et chaque année, depuis quelque temps, je regarde le temps des Fêtes approcher en me demandant ce que c’est que cette fête. Cette fête où on nous met la pression d’être si heureux. Si près l’un de l’autre. Si nostalgiques.

Je pense surtout à ceux et à celles qui, pour un premier ou un quatorzième Noël, seront seuls pendant le congé greyé de lumières cette année. Et je ne parle pas que des esseulés avec qui on se plaît à se faire prendre en portrait à la Grande Guignolée des médias. Je parle de ceux dont on ne soupçonne pas la solitude. Ce collègue de travail. Cette mère, à la garderie. Ce voisin.

Cet ami proche qui ne l’est plus autant. Depuis quelques années, je constate que bon nombre d’amis et de tendres connaissances ne sont pas équipés de cette féerie qu’on nous somme de vivre autour d’une chopine de canneberges et d’une volaille inerte : «Les cadeaux et la pression des paillettes, c’est pas important. Le principal, c’est la famille et c’est d’être aimé!»

SOYEZ AIMÉS. Si vous ne l’êtes guère, ça doit toujours ben être parce que vous n’êtes pas aimables, han. Que vous l’avez pas réussi, ce boutte-là. Le boutte où tout ce qui compte, c’est le couple. La proximité de la fratrie. Les bisous à mamie. L’amour vrai, spontané et immuable. Évidemment que je vous le souhaite de tout cœur. Évidemment que c’est bénéfique à tout ventricule poqué. Mais parfois, la denrée se fait rare. Pour toutes sortes de raisons. Et cette denrée, elle ne s’achète pas (ha! du moins, pas dans toutes les familles).

Cette année, si ça vous le dit, identifions-les, nos esseulés. Ils sont plus près que vous ne le croyez. Envoyons-leur un p’tit mot. Une risette. Un texto kinky-complice le soir de Noël. Invitons-les dans notre parenté, même si elle est échevelée et pas McCallister dans le fond, la forme et le jupon. Signifions-leur simplement qu’ils sont les bienvenus quelque part. Attendus et aimés, p’tit verre de Tia Maria à la boutonnière, l’espace d’une vague sensation de pub de lait où les p’tits sont habillés en adultes heureux qui ont le bagout et le sens de la retrouvaille à broil.

La bise.

 

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