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Le plus insidieux des pros

Foulard lumière

Virevents et pieds pointés. Au moment où j’écris ces menues lignes, le dernier débat des chefs n’a pas encore eu lieu. Bon, s’imaginer six paninis hurler en même temps pendant deux heures en espérant avoir transmis à l’électorat leur sentiment transi à l’égard du fait que leur adversaire est juste un «gnéseux» n’est pas pure réjouissance.

Des gens qui hurlent en même temps. Voilà outil qui aide à planter sa graine du 21. Heureusement, HEUREUSEMENT, parfois, certaines bouches s’expriment en un rare solo et nous éclairent sur le nectar d’un candidat.

J’aimerais m’attarder à M. Scheer, panini conservateur. Lors du dernier face-à-face à TVA, ce bon bougre de monsieur a révélé au monde son exquise capacité à maintenir sourire chérubin qu’importe ce qui sort de sa petite bouche en cœur.

Au-delà de son faciès pur bonheur 24/7, c’est un des souffles ravis qui s’est échappé, de peine et de misère, de la petite bouche de M. Scheer qui m’intéresse, ce souffle discret où il affirma du bout des lèvres avoir toujours été «personnellement pro-vie», parce qu’alléguer être anti-avortement, c’est moins broadcast.

La jolie nuance.

Une nuance qui semble tout changer. La force d’un chapelet de mots en habit de Pâques qui espère, dans sa robe à frills, qu’on opinera du canotier en célébrant tout cet espoir et cette pureté baignée de lumière pour le bien commun. Pro-vie.

Andrew Scheer n’est pas pro-vie. Personne n’est pro-vie. Andrew Scheer est pro-accouchement. Pro-«t’as quelque chose dans le bide? C’est à nous».

La réflexion s’arrête là.

Tant que l’enfant conçu sous les cieux de bébé Jésus est arraché du ventre d’une femme par des forceps, tout va.

Andrew est pro-naissance.

La vie de l’enfant non désiré, pour des raisons qui appartiennent à chacune, des raisons tragiques, de santé mentale, de trop-plein, de trop-tôt ou de survie personnelle, TOUTES des raisons valides, cette vie, la vie dont il devrait être question, Andrew s’en sacre bien.

Ce qui arrivera à cet enfant, à cette femme, à cette famille s’il en est une, ça ne taraude pas son sommeil lové dans un oreiller de plumes d’oie aux longs cils.

La vie brisée d’une femme et son enfant non désiré pour, j’insiste parce que les 40 dernières années ne semblent pas avoir fait vibrer son tympan comme il se doit, DES RAISONS QUI LUI APPARTIENNENT ne sont plus de son ressort une fois le petit wrappé dans un drap de «flanalette» à la pouponnière.

«Good job», dirait-il, sans daigner croiser le regard de celle qu’on aura forcée à mettre un enfant au monde contre son gré.

Le mouvement anti-avortement fait du chemin aux États-Unis.

Il en fait aussi, tout doucement, dans ses chaussures de velours pourpre, au Canada.

Au Québec. Des groupes anti-avortement comme Right Now s’échinent, au moment où j’écris ces lignes, à faire élire des députés conservateurs «pro-vie», entsoure de la couverte, faisant assidûment résonner leur discours de porte en porte jusque dans les agoras d’écoles secondaires, nombreuses, très enthousiastes.

Ça se passe en ce moment. Nous ne sommes pas à l’abri. Et c’est chose démesurément terrifiante. L’avortement est un droit de la femme non négociable.

Mon utérus. Ta gueule.

La bise.

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