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Une excellente paëlla

Première neige et émoi de menthe poivrée. Vous exfoliez-vous le scalp pour être radieux.euses demain soir au Centre Vidéotron de Québec? C’est que demain soir, on ne reçoit pas n’importe qui, dans le grand amphithéâtre en forme de gâteau.

Le beau Patrick Bruel vient s’y faire vibrer le pharynx, frais comme une pervenche, prêt à briller dignement devant une mer de gens venus lui crier «On t’aime, Patte!», comme ce fut le cas mercredi soir à Montréal.

Alors. Vous aurez sans doute eu vent des allégations d’inconduite sexuelle (une si jolie expression pour abrier de drôles de veillées passées sur une table de massage à demander – ENTRE AUTRES – aux «petites préposées» de bien vouloir procéder à une discrète branlette avec petits becs en extra, pour la postérité) de M. Bruel. 

Oh, bien sûr, bien sûr, on n’en est encore qu’aux allégations (CE SI PRATIQUE CHAPEAU), aucune accusation n’ayant été jusqu’ici portée.

Mais quand cinq femmes (jusqu’ici), toutes inconnues les unes des autres, relatent la même sinistre histoire, la même épouvante, les mêmes dégoûts rythmés par le même modus operandi de chanteur de charme qui affirme calmement, ce faisant, que tout cela est très normal et qu’on lui administre pourtant ses petits soins pelviens avec appétit quand il est de passage au Maroc (une explication qui a ben de l’allure), et que s’y refuser, c’est s’exposer à un potentiel renvoi et
un faciès déconfit de Patrick Bruel qui n’a pas eu son biscuit – ça prend une saprée braoule de mauvaise foi, pis ben de l’énergie pour choisir de ne pas y croire.

Pour privilégier le grand complot fomenté par l’abominable réseau clandestin des spas anti-Bruel de par le monde, de concert avec quelques toiletteurs et un kiosque de bretzels, ce regroupement de professionnels qui exècrent les chanteurs à la chevelure d’ébène qui ne demandent qu’à jouir sur commande.

Les billets pour ses concerts de Montréal et de Québec étaient non remboursables. Je saisis bien là l’amère déception, d’une part, de devoir se dévisser un autre serin du cœur, les artistes qui nous accompagnent depuis des décennies ayant apparemment ben de la misère à garder tous leurs squelettes dans le placard.

Et d’autre part, c’est bien certain que, quand t’as investi tes sous, en toute bonne foi, dans ce qui sera peut-être le seul spectacle que tu te seras permis cette année, j’ai bien du mal à t’en vouloir de t’être mis des brillants sur les yeux
et d’avoir enfilé ta plus jolie veste pour passer une belle soirée musicale fort méritée.

Mais ceuzécelles qui se refusent obstinément à croire les victimes alléguées, parce que c’est ben achalant de devoir boycotter tous ces monsieurs, ces mythes qu’ils ont polis sans retenue, auront beau tenter de se rassurer d’un franc: «Ça y’enlève pas son talent; à un moment donné, il faut passer par-dessus», sachez que Woody Allen devait cuisiner une excellente paëlla. 

Et quand la paëlla goûte le sang, il est de mise d’opter pour un sandwich aux concombres, même si ça te change une veillée de bord. En vous remerciant pour cette formidable métaphore culinaire. La bise.

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