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À table avec mon ex: pour voyeurs avertis

Fugueuse

Ce n’est pas la première fois que V tente de recréer la magie d’Un souper presque parfait avec d’autres concepts de télé-réalité mettant en vedette du «vrai monde». Nous avons eu des histoires d’amour improvisées, des gens qui se rencontrent nus et des barmaids devenues influenceuses depuis. V est une pépinière à télé-réalité, et c’est encore plus vrai depuis que sa remorque est attachée à Occupation Double et tout son écosystème.

À table avec mon ex s’inscrit dans cette veine, et le titre explique l’essentiel du concept. Deux personnes séparées se retrouvent autour d’une table pour régler des comptes et répondre à des questions laissées en suspens après leur relation, questions souvent lancées par la production de l’émission pour faire lever les choses. Deux couples par émission, quatre émissions par semaine et c’est parti pour un tour. Pas de prix, pas de concours, pas d’épreuve éliminatoire. On s’invite dans l’intimité de ces anciens couples qui s’exposent devant les caméras pour notre plaisir, et rien de plus. Un serpent trop gourmand qui se mange la queue, et c’est drôlement divertissant.

«On s’invite dans l’intimité de ces anciens couples qui s’exposent devant les caméras pour notre plaisir, et rien de plus.»

Afin de se coller encore plus à l’héritage d’Un souper presque parfait, l’humoriste Ève Côté s’invite à la narration, un peu comme André Ducharme, et elle donne de la couleur aux épisodes. Elle est taquine, mais pas trop, et son charme gaspésien est à la fois moqueur et rassembleur lorsqu’elle commente les propos des participants. On peut même déjà dire, après moins de deux semaines de diffusion, qu’elle est très habile dans son rôle. Beaucoup plus habile que d’autres avant elle qui ont tenté d’imiter Ducharme. C’est une belle surprise de la voir dans ce rôle loin des planches et de la tournée avec les Grandes Crues, son duo comique avec Marilyne Joncas.

Pour ce qui est de l’émission en tant que telle, c’est le summum du voyeurisme, et c’est difficile de ne pas regarder un épisode jusqu’à la fin. Il y a des malaises, des rapprochements, un brin de bêtise, de la naïveté et des situations presque surréelles. De l’adultère jusqu’aux mensonges, en passant par les relations très éphémères ou carrément ouvertes, À table avec mon ex nous présente un large éventail de participants et de situations. C’est d’ailleurs une force de l’émission. Il n’y a pas que des jeunes en quête de notoriété sur les médias sociaux. Il y a des gens plus âgés, de la ville et de la région, homosexuels ou hétéros et de différentes origines ethniques. Dans sa simplicité, À table avec mon ex est un portrait étonnamment diversifié dans la mesure où l’émission est entièrement dépendante de la participation citoyenne.

On est loin de l’extravagance d’Occupation Double et de ses voyages, mais je dois avouer que les couples d’À table avec mon ex sont pas mal plus fascinants que ceux qui sont artificiellement construits pour gagner un condo de luxe en banlieue.

La force du «vrai monde», c’est qu’on embarque dans la proposition en se comparant, en se consolant, en se reconnaissant et, surtout, en s’amusant. Jusqu’ici, c’est une réussite sur toute la ligne pour V. Bien hâte de voir si l’émission va s’essouffler avant la fin de la saison puisque deux anciens d’OD viendront partager un repas plus tard cet automne et je crois que c’est un piège d’orienter cette nouveauté vers les vedettes instantanées. Qui vivra verra ou, dans ce cas, qui vivra ira régler ses comptes à la télé avec son ex.

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