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L’amour est dans le pré, une proposition sexiste

L'amour est dans le pré Photo: V télé

Je regardais la finale de la saison de L’amour est dans le pré, jeudi soir, et j’étais amusé par les tactiques de la production pour faire durer le suspense à savoir si oui ou non nos charmants agriculteurs avaient trouvé l’amour – voire la femme de leur vie selon certains.

Je vous épargne une heure de télé, ils sont tous repartis bredouilles, mais heureux d’avoir vécu l’expérience. Ils ont grandi et se sont découverts, musique joyeuse, générique, etc.

Mon problème n’est pas là, vraiment, qu’ils trouvent ou non l’amour à la fin de l’émission est anecdotique au mieux.

C’est la proposition même de l’émission qui m’agace et j’avais une réflexion en voyant le récapitulatif de la saison.

À la base, cinq agriculteurs choisissent dans un bassin de candidates et ils en retiennent trois pour vivre l’aventure. Ensuite, ils butinent à gauche et à droite avec les candidates jusqu’à en choisir une «chanceuse» qui partira en voyage avec lui.

Bref, le prix de l’émission c’est l’honneur d’être avec l’homme qui lui, en quelque sorte, gagne l’accès à la femme de son choix.

C’est terriblement réducteur comme concept et dans un monde agricole, difficile de ne pas associer la femme à du bétail – surtout quand des images de bétail sont littéralement à l’écran entre chaque segment relationnel.

J’exagère un peu pour illustrer mon point, mais il y a quand même un malaise. «Gagner l’amour» est la ligne pour vendre l’émission, mais pourquoi est-ce que c’est l’homme qui a le monopole du choix? Oui, les candidates sont là volontairement et peuvent quitter l’aventure si le jeu de séduction à quatre les embête, mais quand même … la base du jeu est dérangeante.

Un homme et trois femmes qui se chamaillent son attention, excusez, son «amour». Trois femmes qui sont «testées» par le candidat avant qu’il ne fasse sa sélection. Trois femmes qui, au final, n’ont rien d’autre à gagner que d’être le «trophée de chasse» d’un agriculteur québécois.

Pour ajouter une couche de malaise, on fait un retour sur les belles histoires des saisons précédentes où le gage de réussite est littéralement la procréation. Donc, dans cette option, l’homme a eu le luxe de choisir la femme avec laquelle il se reproduira et assurera sa succession.

On se croirait au 18e siècle – manquerait juste les duels à l’épée et l’échange de la plus jeune de la famille contre une vache et deux chèvres pour assurer la nutrition de la famille.

Encore une fois j’exagère, mais j’étais incapable de ne pas avoir cette réflexion en regardant la finale hier.

Pourquoi, en 2016, existe-t-il encore des concours amoureux où l’homme a le gros bout du bâton? Et là je ne propose pas de faire une version agricultrice de L’amour est dans le pré, juste de revoir le contexte pour le rendre plus égalitaire. Je ne sais pas comment, ni si ça vaut la peine de sauver le concept, mais j’exprime mon malaise.

Je n’aime pas ce que je vois dans ma télé quand un homme à le luxe de dire à une fille qu’il fréquente depuis quelques mois qu’il la «flush» pour une autre devant des milliers de téléspectateurs et on justifie son geste en soulignant qu’il a écouté son cœur.

Je suis un sceptique de mauvaise foi la plupart du temps et quand on me dit qu’il écoute son cœur, moi j’entends qu’il écoute son sexe…

Un autre problème avec cette proposition sexiste.

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