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Du Prozac pour votre chat

Photo: Instagram/Christine Manzo

«Ce qui l’aiderait beaucoup, c’est un médicament qui réduirait son anxiété. Je recommande du Prozac pour votre chat, madame.» J’avais les yeux écarquillés et la bouche à moitié ouverte quand le vétérinaire m’a annoncé ça la semaine dernière. Il veut mettre mon chat sur les antidépresseurs, il est fou ou quoi?

Il faut dire que je venais de voir ma chatte Patsy atteindre un niveau d’agressivité que je ne croyais même pas possible et dont je n’avais jamais été témoin dans la vie, à part dans les documentaires sur les grands félins de la Savane à la BBC… ça vous donne une idée! Elle s’était transformée en lion, littéralement. (Je vous ai déjà parlé de son comportement et de la raison pour laquelle je m’occupe d’un animal difficile)

Ce jour-là, l’examen de routine de Patsy a été impossible à réaliser car à partir du moment où elle est sortie de sa cage de transport dans la salle d’examen, elle s’est mise en mode survie. Grognements, feulements, attaques, coups de patte et tentatives de morsure, tout y était. Il aurait fallu la capturer dans un filet pour réussir à la maîtriser, puis lui administrer un sédatif pour parvenir à l’examiner. Comme elle est jeune et semble en bonne santé physique, le vétérinaire n’a pas cru nécessaire de lui faire vivre ça, thank God. Mais il lui a diagnostiqué un trouble d’anxiété sévère et m’a remis une prescription de Prozac à aller chercher à la pharmacie.

Les propriétaires d’animaux comprendront à quel point j’ai pu me sentir triste quand j’ai vu mon bébé – oui, c’est mon bébé, car je n’ai pas d’enfant et que je l’aime comme tel – se débattre avec fureur parce qu’elle avait peur pour sa vie. Je suis donc rentrée à la maison complètement bouleversée et j’ai entrepris des recherches exhaustives sur l’administration de Prozac aux chats et aux chiens, un traitement qui n’est finalement pas si rare que ça et plutôt efficace quand on a affaire à des animaux hyper anxieux et/ou agressifs. J’ai fait mon choix: Patsy prendra le médicament.

Ma décision a été prise pour le bien-être de Patsy. Bien qu’elle ne soit pas aussi agressive à la maison, elle a toujours été anxieuse et elle sursaute au moindre mouvement brusque ou bruit soudain. Elle panique quand ça sonne à la porte et qu’il y a de la visite. Tout le monde lui veut du bien mais elle est convaincue du contraire. En y pensant, j’ai constaté que ça ressemblait drôlement aux troubles de santé mentale qu’on peut avoir, nous les humains. Et qui voudrait d’une vie comme celle-là? Qui serait heureux de vivre dans le stress permanent qu’elle connaît? Mon animal a des problèmes de santé mentale et je veux l’aider parce que je l’aime, tout simplement.

Alors, comme pour les humains qui prennent des médicaments et qui vont en thérapie chez le psy, en plus de prendre son Prozac, Patsy va suivre un plan «d’entraînement» personnalisé qu’un spécialiste en comportement félin lui a conçu. J’ai parfois jugé les gens qui dépensent des milliers de dollars en frais vétérinaires pour leurs animaux atteints d’une maladie quelconque, mais aujourd’hui je comprends. Juste pour la médication, il m’en coûtera une trentaine de dollars par mois, et ce, probablement pour le reste de sa vie, c’est-à-dire une dizaine d’années. Avec un calcul rapide, on arrive effectivement à quelques milliers… Je sais que je me ferai juger par ceux qui n’ont pas d’animaux ou qui n’ont jamais vécu une telle situation, mais c’est correct. J’assume mon choix. J’investis temps et argent dans le bonheur de ma Patsy et ce bonheur, elle me le rend chaque fois qu’elle vient se coller, me piétiner la bédaine et me ronronner dans les oreilles. Je l’aime inconditionnellement.

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