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Cachez ces fesses en leggings que je ne saurais voir

Mine de rien, même si on dirait que ce moment-là est encore bien loin, il va finir par faire chaud, les terrasses vont finir par ouvrir… et les vêtements vont raccourcir. Je vous prépare tout de suite parce qu’avec le printemps, vous allez commencer à voir de plus en plus de courbes et de peau et ça, pour encore bien des gens, c’est très choquant.

Je pensais qu’après m’être fait pourchasser pendant cinq ans dans les corridors de mon école secondaire par Lise, la très sympathique (not) surveillante qui mesurait la longueur des jupes des filles, j’aurais enfin la paix. Je pensais qu’après ça, le choix de mes vêtements ne dépendrait enfin que de moi et que personne ne s’offusquerait de me voir porter des bretelles spaghetti ou des shorts serrés. Pauvre adolescente naïve que j’étais.

Il y aura toujours des gens prêts à monter aux barricades à la vue d’un bout de peau, prêts à policer l’habillement et le comportement des femmes à la vue du galbe d’une fesse ou d’un sein.

J’en ai eu la preuve encore une fois tout récemment, alors que la lettre d’une mère catholique de quatre jeunes hommes – c’est comme ça qu’elle se présente – a été publiée dans le journal The Observer et a rapidement fait le tour du web. Cette dame est allée à la messe avec sa famille et il y avait devant eux un groupe de jeunes filles en leggings. Des leggings qui, toujours selon ses mots, semblaient avoir été peints sur le corps des filles et empêchaient tout le monde dans l’église, particulièrement les hommes, de voir autre chose que des «derrières nus noircis par un tissu».

Dans sa lettre ouverte, cette dame supplie les filles, la prochaine fois qu’elles iront magasiner, d’avoir un peu de considération pour les garçons, «qui sont aussi des pères, des frères, des camarades de classe et des fils de mères catholiques» comme elle. Elle leur demande de choisir des jeans plutôt que des leggings pour que les garçons ne soient pas obligés de regarder leurs fesses. Elle leur écrit que toutes les femmes méritent le respect, mais qu’il serait bien plus facile pour les mères de l’enseigner à leurs fils s’ils n’étaient pas exposés à des derrières féminins en tissu moulant.

Si, comme cette dame, le respect que vous accordez à une femme est proportionnel à la quantité de tissu (pas trop serré, bien entendu) qui recouvre son corps, je vous invite à réfléchir. Avez-vous les mêmes critères quand il s’agit des hommes? Je mettrais ma main au feu que ce n’est pas le cas. Je connais un gars qui se met en bédaine dès qu’il fait plus de 20 degrés, qui se prend en photo, qui fait des blagues là-dessus et beaucoup de gens le trouvent drôle. Mais si c’était une femme qui se mettait en top de bikini ou en brassière de sport en public de la même façon, qu’est-ce qu’on en penserait? Mériterait-elle le respect? Pour beaucoup de gens, incluant la mère catholique de la lettre ouverte, la réponse est probablement non, et on vient de mettre le doigt sur le bobo. Il est temps que ça change.

Alors, avec le beau temps qui va finir par arriver, et les vêtements qui seront de plus en plus légers, voici un petit rappel amical: les femmes sont libres de s’habiller comme elles l’entendent. Elles n’ont pas à cacher leur corps pour aider les hommes à contrôler leurs pulsions. Eux seuls sont à blâmer s’ils sont incapables de le faire. La longueur d’une jupe ou la profondeur d’un décolleté ne justifieront jamais le harcèlement ni la violence.

Et les fesses en leggings continueront de se balader librement au grand jour. Deal with it.

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