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Ian Lafrenière et les policiers politiciens

Photo: Yves Provencher/Métro

Selon des sources qui ont des sources, Ian Lafrenière, chef de la division des communications du Service de police de la Ville de Montréal pourrait se joindre à la CAQ en vue des prochaines élections. M. Lafrenière n’a pas nié et François Legault a souri avant de dire qu’il ne voulait pas en parler.

Il n’y a pas de fumée sans feu, comme disent les pompiers, un corps de métier beaucoup moins présent que les policiers en politique. Pourtant, il y a très souvent des incendies à éteindre.

Rares sont les politiciens qui deviennent policiers (à moins d’instaurer un état policier), mais M. Lafrenière ne serait effectivement pas le premier policier à devenir politicien. À part Gaétan Barrette, qui de mieux qu’un représentant de l’ordre pour représenter la loi et l’ordre au sein d’un gouvernement?

Ian Lafrenière a d’ailleurs toujours été à l’écoute de la population, comme il le disait en 2013:

«C’est jamais facile, pis encore là, on est pas là pour dire qu’il n’y a pas de solution. J’entends très bien les citoyens, j’entends la majorité silencieuse qui se dit, en bon français, écœurée de ce qui se passe, et je les comprends.»

Et pour «entendre» la majorité «silencieuse», il faut quand même avoir de bonnes oreilles.

Parmi les autres policiers qui se sont lancés en politique, on pense à Jacques Duchesneau qui semblait vouloir s’arroger beaucoup de pouvoirs en tant que futur vice-premier ministre d’un gouvernement caquiste, déclarant qu’il allait lui-même nommer les ministres. M. Duchesneau sera élu en 2012, mais pas son parti.

D’autres ont eu plus de chance. Guy Ouellette a été élu sous la bannière libérale en 2007, mais est arrêté en 2017 par l’UPAC dans une histoire digne d’un roman policier. Ou digne d’un film de la série Police Académie, pour être plus juste.

Il déclarait par la suite:

«Dans une tentative d’intimidation, sans précédent, j’ai été victime d’un coup monté par l’Unité permanente anticorruption (UPAC).»

Un grand complot pour avoir sa peau, rien de moins.

Robert Poëti, son collègue à l’Assemblée nationale est lui aussi issu du milieu policier. Son adversaire péquiste Stéphane Bergeron, qui a été ministre de la Sécurité publique, mais n’a jamais été policier (on le sait parce qu’il ne roule pas ses ‘r’), décrivait M. Poëti en ces termes en 2014:

«Monsieur Poëti a essayé de nous faire la démonstration hier qu’il était fédéraliste. Je pense que la seule démonstration qu’il a réussi à faire, c’est qu’il est obséquieux. Obséquieux, une traduction libre pour monsieur Poëti: Lavette, carpette.»

Un langage pas très parlementaire. Obséquieux aurait suffi.

M. Poëti nous a offert quelques lapsus intéressants en chambre. À propos de Uber, il déclarait en août 2015:

«Ils sont devant les tribunaux avec les 804 autres pays où y’a des gens qui poursuivent actuellement Uber X.»

On peut dire qu’il en a vu du pays, M. Poëti.

En février de la même année, il commettait ce petit lapsus sur lequel l’opposition n’a pas manqué de sauter:

«La différence entre innovation et improvisation, y’a une nette différence entre les deux. Nous on improvise.»

Voilà qui ferait un slogan honnête: «Nous, on improvise».

Tout ça pour dire qu’avec ses policiers, ses avocats en grand nombre, et sans doute quelques criminels, l’Assemblée nationale a des petits airs de palais de justice. Ce sera tout, votre honneur.

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